lundi 17 mars 2014

Flux migratoires et relations Maroc-Espagne Qui veut jouer au gendarme du Sud ?

Le gouvernement espagnol veut soulager la pression migratoire en recourant à des refoulements immédiats des clandestins vers le Maroc. Le ministre espagnol de l’Intérieur en a fait part à son homologue marocain, Mohamed Hassad, lors de leur rencontre à Paris en février 2014.





Le refoulement immédiat des clandestins d’Espagne vers le Maroc sera à la table des menus lors de la réunion mixte, entre le ministre marocain de l’Intérieur, Mohamed  Hassad et son homologue espagnol, Jorge Fernando Diaz, prévue pour le 26 mars 2014 à Tanger. Une rencontre importante qui arrive à un moment où l’Union Européenne veut faire pression sur Rabat pour signer un accord de réadmission des immigrés clandestins en Europe. Des discussions ont eu lieu dans ce sens fin 2013, à Bruxelles, et le Maroc semble réticent pour de nombreuses raisons. La première et la plus importante est le refus de Rabat  de voir des centres d’accueil pour immigrés pousser dans plusieurs régions pour abriter les refoulés de l’Europe. Secundo, le Maroc ne veut pas être associé à cette nouvelle philosophie  européenne qui veut barricader ses frontières et créer des zones tampons pour freiner les flux migratoires venus du Sud.

Gendarme du Sud
Dans ce nouveau climat, déjà tendu, puisque les assauts des  immigrés subsahariens sur Sebta et Melilla se succèdent apportant à chaque fois leur lot de victimes et de drames humains, Madrid ne sait plus comment gérer les questions migratoires. Entre scandales et accusations de meurtres à l’encontre de la Guardia Civil comme cela a été le cas lors de la mort de 9 migrants qui ont tenté de rejoindre le préside occupé par la mer, l’Europe se doit d’agir. Mais  comment ? Pour l’heure, toutes les tentatives de stopper les flux humains ont échoué. Le ministre de l’Intérieur espagnol a déclaré le 6 mars 2014, que le Maroc compte pas moins de 40 000 subsahariens qui n’attendent que l’occasion d’entrer en Europe. Le responsable espagnol va plus loin en apportant une information de taille attestant de la présence en Mauritanie, pas loin de la frontière marocaine, de 40 000 autres subsahariens qui veulent rejoindre le Maroc, avant de franchir le Détroit de Gibraltar. Pourtant le Maroc a lancé un vaste programme humain pour régulariser la situation de plusieurs milliers de personnes en octroyant à certains le droit d’asile et le statut de réfugié. Mais le Maroc, pays de transition est devenu au fil des ans, un pays de séjour. Tout comme hier, l’Europe l’a été. Et l’Espagne, qui, aujourd’hui,  veut forcer le Maroc a accepter son programme de réadmission et de refoulement immédiat, a été un pays de forte immigration notamment en France.  

Chaud et froid

Face à  des telles réalités, les autorités espagnoles multiplient les manœuvres comme la double visite de M. Fernando Diaz à Sebta, le 5 mars dernier et le 6 à Melilla pour voir de près comment est géré le dossier des immigrés et surtout de tenter de calmer les ardeurs de milliers de candidats aux passages par les barbelés des frontières qui ne reculent plus devant rien. Car ses derniers ont compris que dans ce bras de fer avec les postes frontières et leurs techniques High-Tech, le poids des masses est un atout majeur, puisque l’on force aujourd’hui les passages frontaliers à coup de 300 individus et plus, risquant une mort collective aux yeux du monde.
L’heure est donc aux tactiques politiciennes et aux jeux des médias en montrant que le dossier est bien pris en main, alors que les réalités du terrain montre que c’est toujours un fiasco. Le Maroc ne peut pas faire le sale boulot ni pour l’Espagne ni pour l’union Européenne. Malgré les pressions, et en dépit des intérêts en jeu, les autorités marocaines n’ont pas encore paraphé cet accord de réadmission, cheval de bataille des députés européens, pour régler l’épineux dossier de l’immigration clandestine. Ce qui, à l’approche de la réunion du 26 mars, pousse le ministre espagnol,  à visiter le poste frontière de Tarajal à Sebta, pour saluer le travail des policiers marocains dans la lutte contre l’immigration clandestine.  Une façon comme une autre pour faire oublier les propos sur les 40 000 clandestins qui attendant à l’affût pour prendre d’assaut les villes espagnoles et surtout les accusation répétées de plusieurs députés du parti populaire à Madrid, qui disent que le Maroc ne veut pas jouer le jeu et stopper net les immigrés.



 



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