A 19 ans, on peut déjà avoir fait le
tour de la vie. Maya, quitte San Francisco. Elle va dans une île isolée, loin
de tout. C’est une idée de Nini, sa grand-mère. Celle-ci veut l’aider à tourner une page lourde
de son passé. Maya a eu des démêlés avec la police. Elle est traquée par le
FBI. Drogue, mauvaises rencontres, affaires louches, la vie a été très dure
avec une jeune fille, qui aurait pu prendre son destin en main et entreprendre
un nouveau voyage. Mais il n’est pas trop tard. Nini compte bien sur l’île de
Chiloé pour guérir le corps et l’âme de sa petite fille. Cet exil imposé par
les circonstance est-il de taille pour sauver une âme en peine ?
Culture latine
Défile alors le passé de Maya. On
découvre que son enfance a été cahoteuse. Des parents absents. Une mère danoise
et hôtesse de l’air qui l’abandonne. Son père, pilote d’avion, la confie à sa
mère et s’en lave les mains. Très vite, Maya découvre le goût amer de
l’absence. Elle goutte aux privations. Elle sait que les lendemains ne seront
pas toujours heureux. Mais son grand-père est là. C’est avec lui qu’elle va
voir des parties de foot. C’est en sa compagnie qu’elle découvre l’opéra. C’est
toujours lui qui lui coiffe ses cheveux. Se tissent alors des liens
indéfectibles entre ces deux personnes. L’amour et la paternité prennent un
autre sens.
Isabel Allende s’est attelée à une
tache pour le moins périlleuse. Traiter la toxicomanie, l’alcoolisme, les
affres de la vie et la perdition, avec autant de justesse, confirme cette force
narratrice que l’on a déjà aimée dans La maison aux esprits. C’est dans un
retour aux sources que Maya peut puiser u peu de sa force perdue. Ce retour
amont est très symbolique pour une auteure, bercée aux cultures sud-américaine,
elle la Chilienne, qui a vécu les grands soubassements qui ont bouleversé le
contiennent latin. Isabel Allende signe ici un roman très actuel, sans
compromis sur une société moderne qui peut broyer les rêves des jeunes. Aucune
pitié dans un monde fou où les paradis artificiels sont vantés à longueur
d’heures par des slogans nihilistes. C’est cette absence d’humanité qui
affleure dans ce cahier de Maya, à la fois bouleversant et riche
d’enseignements.
Pour rappel, Isabel Allende est née au Pérou en
1942 et a vécu au Chili jusqu'en 1975, puis au Venezuela, et depuis 1988 en
Californie. Après La maison aux esprits, publié en 1982 qui s'est vendu
à douze millions d'exemplaires, les bestsellers s'enchaînent : Eva Luna,
Paula, Fille de la Fortune, Portrait Sépia, Inès de mon
âme, L'île sous la mer et une saga autobiographique, La Somme des
jours.
Editions Grasset.
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