mercredi 18 septembre 2013

Le juteux business de la rentrée scolaire Le chemin de croix des parents d’élèves



La rentrée scolaire demande des frais importants. Pour certaines familles, c’est un gros budget à dépenser chaque année. Cela varie entre 1500 et 1000 dhs, selon les écoles et les classes. Un vrai business. 

Cher, c’est cher. Quand il faut penser à la rentrée scolaire en juin, alors que les classes ne reprennent qu’en septembre, il y a de quoi poser des questions. Chaque année, la rentrée scolaire  se chiffre à coups de milliers de dirhams. Pour certains cela peut coûter plusieurs dizaines de milliers. Ceci si vous avez un enfant unique, mais  si vous en avez plusieurs, faites le calcul. Cela peut s’avérer être un sacré pactole à débourser pour que les petits puissent aller  à ‘école.
Nous sommes devant une librairie du Maarif à Casablanca. Quartier populaire, pas de queue, pas de coups de coude pour se frayer un chemin chez son libraire, comme cela était le cas, il y a de cela à peine quelques années. Là, il suffit de poser ta commande et de repasser plus tard. Tout est clair. « fini la cohue. Les choses sont connues aujourd’hui. C’est pratiquement la même chose pour toute les familles. On connaît les fournitures à acheter. On prend commande et on prépare le tout en avance pour nos clients ». Brahim, le libraire, aidé par trois autres personnes s’est mis à la page pour faire du chiffre et éviter les couacs.
Grosses quantités
En effet, ce sont là des propos confirmés par un autre client qui a été voir une autre libraire pour y laisser la bagatelle de 1297 dhs pour un élève de  CP. Mais pour ce père de famille. Ce n’est pas là tout ce qu’il doit payer pour assurer l’année à son fils. « Non,  j’ai aussi payé d’autres fournitures, des couvertures pour les cahiers, des livres que j’ai achetés chez un autre libraire, un cartable à plus de 700 dhs, une trousse bien fournie en stylos, crayons, campas, règles et d’autres babioles. Résultat, j’en ai au moins pour 3500 dhs pour cette année, affirme Noureddine.
Pour Fouzia, une voisine, les frais pour ses deux filles de 9 ans et de 15 ans, ont déjà dépassé les 6000 dhs. Pour elle, les fournitures pris un a un ne sont pas très chers en soi, « mais c’est la quantité de cahier et de manuels qu’il faut acheter qui est impressionnantes.» Au moins six cahiers de travaux pratiques, le même nombre pour les travaux d’écriture et des manuels  pour les maths, les sciences, l’histoire, l’arabe, le français, l’anglais, la géographie…  il y en a tellement que le poids est tel que les petits ploient sous une charge de manuels et de cahiers, le tout dans un cartable qu’il faut traîner pour éviter de le porter sur les épaules.
Programmes chargés
Quand on a posé la question à plusieurs libraires, les réponses sont simples : c’est une bonne chose. Et comment ! Un bon chiffre d’affaire à se faire en un mois de travail pour les fournitures scolaires. Le reste sur l’année, « il n’y a pas grand chose à faire. On vend quelques cahiers, des petites chose. Le gros du chiffre  se fait durant cette période ». Merci qui ? Le ministère de l’éducation nationale qui a mis en place des programmes si chargés qu’il faut un arsenal pour décrocher  son année scolaire. La question que  certains instituteurs et enseignants se posent c’est la quantité d’informations, « impossibles à emmagasiner pour les élèves. On leur demande trop, ce qui fait que la moitié de ce qu’ils apprennent en classe est très vite oublié. «  Quelle solution alors ? « il faut cibler, moins de manuels, mais des choses qui vont leur servir dans la vie », assène, cette enseignante de Hay Mohammadi. Pour les parents d’élèves,  ces tarifs qui vont jusqu’à plus de 10000 dhs pour certains élèves sont «une manière de faire gagner de l’argent aux maisons d’édition qui éditent les manuels». Certains y voient même la main d’un lobby puissant qui impose ses règles au « détriment des familles qui doivent penser à comment joindre les deux bouts pour assurer à leurs enfants de quoi aller à l’école», confesse Idriss, un cadre de banque, père de quatre enfants, tous scolarisés, ce qui lui a coûté pour cette rentrée  la somme de 16 000 dhs».
Niveau bas
Ceci pour les écoles publiques, mais pour le privé, cela peut chiffrer plus. Et quand les enfants sont en mission ou dans des écoles étrangères espagnole ou américaine, il faut tabler sur plus. Ce qui fait dire à certains parents nostalgiques qu’«il est loin  le temps où il suffisait d’un cahier de notes, sans manuels, pour apprendre, avec le voisin et réussir maitrisant bien ses cours et des langues. Alors qu’aujourd’hui de nombreux élèves, malgré une tonne de fournitures, ne savent pas ce qu’on leur demande d’apprendre et ont un niveau très bas, pour ne pas catastrophique».
Du côté des enfants, les principaux intéressés, c’est toujours une joie d’acheter des fournitures scolaires. Mais c’est aussi une corvée de traîner un tel poids tous les jours, matin et après-midi. Pour une grande majorité, en dehors des livres à lire, à condition qu’ils soient attrayants, ce nombre important de manuels et de cahiers d’exercices leur font tourner la tête. Certains paniquent déjà devant la perspective d’une longue année scolaire, où il faut potasser, s’échiner tous les jours à coups de devoirs, pour tout oublier ou presque, en juin et durant les vacances d’été. Et rebelote de plus belle à la prochaine rentrée scolaire 2014.




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