Arts plastiques : Le
plasticien marocain Lahbib M’Seffer exposera ses derniers travaux en Belgique
en octobre 2013 dans le cadre d’une exposition collective réservée à plusieurs
peintres arabes, venus d’horizons différents. L’occasion de revenir sur l’œuvre
d’un artiste discret.
Lors
du Festival Jawhara, qui s’est déroulé fin août 2013, à El Jadida, les
aficionados ont découvert toute la palette d’un peintre multiforme. Plus de
trente ans après ses débuts en 1983, Lahbib M’Seffer, a étonné avec un sens
aigu de la couleur et une approche de la lumière très particulière. Il faut
dire que l’artiste a pris le temps d’expérimenter tant de techniques et de
sentiers non balisés pour arriver à une maîtrise de son sujet. Dans son atelier
casablancais, les périodes s’amoncellent et en disent long sur les préoccupations
du peintre.
Large spectre
Le
pari de l’artiste est énorme. Doublé d’un défi, aussi. Celui de tordre le coup
aux idées préconçues sur la couleur et la lumière. Chez Lahbib M’Seffer, la
lumière ne nait pas de la couleur, mais de la forme. Avec un blanc ou un bleu,
voire même un rouge, il est capable de faire ressortir la luminosité d’un
espace au milieu d’une étendue sombre.
Peinture qui va de l’abstraction à la nature morte ou à la marine, avec
cette foultitude de paysages marins, surplombés d’un ciel constamment
changeant. Peinture de mouvement, peinture giratoire, qui crée ses propres
ambiances passant d’un spectre de lumière à un autre, du simple choix d’une
couleur au lieu d’une autre. Face aux travaux de Lahbib M’Seffer, nous
vérifions que les couleurs, du noir au blanc, en posant par le rouge, le vert,
le jaune… en d’innombrables nuances. Ciel rouge sur une mer ocre, champ ouvert
en tonalités de bleu sur fond de marrons, de gris, de jaune pale… il n’y a pas
de limite aux champs des possibles dans ce travail qui s’est toujours attelé à
faire de la couleur et de la
lumière le propos essentiel de ce qui est donné à voir. C’est cette maitrise
qui est en passe de prendre forme aujourd’hui dans un livre, mélange de
peintures et de poèmes, décliné sous le titre « Poèmes non écrits »,
en collaboration avec un autre virtuose de la couleur…..
Grands formats
C’est
cette même exigence du détail et de la précision qui a poussé Lahbib M’Seffer a
travailler sur de tous petits formats, toujours en collaboration avec … et
Abdellah Lahbabi. Trois regards différents, mais qui se rejoignent en creux,
dans la force de ce qui est peint, exploré, scruté jusqu’aux confins, pour
quelques réussites picturales que l’on aimerait voir reproduites, certes
différemment, sur de très grands formats. Ces grands formats qui sont
aujourd’hui le socle d’une nouvelle perception de l’espace à peindre. Il ne
faut surtout pas croire qu’il est aisé de travailler sur 20 cm sur 20 et de passer
à 2 mètres sur 1m50, avec autant d’aisance et de doigté. Pourtant, autant dans
une peinture miniature que dans un grand panneau, la précision est telle que
l’on sait que Lahbib M’Seffer traite ses tableaux avec insistance. Il
travaille, recule, retravaille, repose la toile, puis revient la réanimer
s’appuyant à ce qui a été généré, dans ce silence entre l’artiste et son
support.
C’est
ce qui a amené le peintre à perfectionner son regard sur ce qu’il produit.
« Je travaille, je m’amuse, je prends beaucoup de plaisir à voir évoluer
la toile devant mes yeux. Je ne suis pas pressé, jamais. J’ai tout mon
temps ». Ce que dit ici Lahbib M’Seffer est la définition même de
l’artiste. Travailler contre le temps, mais assujettir les heures à la
dimension interne de ce qui est senti. En cela, les trois projets en cours de
l’artiste, deux livres d’art, entre poésie et couleurs, une prochaine
exposition à l’étranger, c’est le retour en force d’un des plasticiens
marocains, les plus travailleurs, toujours aussi discret et humble. Une
modestie qui lui octroie une dimension particulière, lui qui ne se précipite
pas vers la lumière pour mieux briller, mais pour mieux voir.
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