Hamidou Benmassoud, dit Amidou, est décédé le 20 septembre 2013, à
Paris, à l'âge de 78 ans. L’acteur avait tourné une dizaine de films avec le
cinéaste Claude Lelouch. Il faisait partie des visages de la Nouvelle vague en
France.
On n’imagine pas la vie et le parcours de Hamidou Benmassoud
sans ce départ, très jeune à Paris pour se trouver une place au soleil, dans la
grisaille de la capitale. Mais le soleil de celui qui deviendra Amidou tout
court, était sur les planches, dans l’acting, auprès de grands noms du septième
art. C’est que le petit Hamidou avait du bagout, une bonne bouille et un certain regard sur ce que sera sa
vie, plus tard.
Direction le Conservatoire d’art
dramatique de Paris. Hamidou à 17 ans. Un inconnu dans la ville. Il faut
trouver un toit, traveller, subvenir à ses besoins et surtout montrer ce qu’il
a dans les tripes. Il aura fallu pour le natif de Rabat en 1935, attendre plus de neuf ans avant de fouler la scène. Ses premiers pas au théâtre, Hamidou les fête à l’âge de 26 ans. Même le choix de la pièce et de l’auteur
est un indicateur des affinités du comédien en hère. Il joue dans la pièce
"Les paravents" de Jean Genet. Une pièce importante du nouveau
théâtre, écrite par un écrivain controversé et qui fréquentait Sartre, De
Beauvoir et des philosophes comme Raymond Aron et Levinas.
L’époque Lelouche
La pièce est un succès. Rien
qui casse la baraque, mais Hamidou Benmassoud se démarque tout de même. Il joue
juste, il en rajoute un peu, mais bien cadré, il est bon comédien, sensible,
chaleureux et surtout il maîtrise son texte. Un certain Claude Lelouche le repère. Ce dernier le fait tourner dont le premier long-métrage du cinéaste «Le propre de l'homme » aux côtés de Janine Magnan. Nous sommes en
1960. Claude Lelouche en fera son acteur fétiche. Il fait appel à ses
services dans d’autres films plus corsés. Hamidou est déjà devenu Amidou. Son
nom de scène. Son nom de vedette
montante, à une époque où les Delon Belmondo et Trintignant tenaient le haut du
pavé. Avec Lelouche, il grave son nom sur les affiches avec la magnifique « Un homme et une femme » en 1966. Il
partage alors l’écran avec Jean-Louis Trintignant et la sublime Anouk Aimée. Il
se fait un nom. Il tutoie des stars affirmées. Amidou devient une petite
coqueluche dans le milieu. On le retrouve à Saint-Germain, à Montparnasse, il
fréquente les deux Magots, le Lipp et le Flore. Il est aussi un coutumier de la
Coupole. Son nom circule surtout que les projets se suivent, toujours avec
Claude Lelouche. Quand sort « Vivre pour vivre » en 1967, Amidou
donne la réplique à un certain Yves Montand. C’est un cap dans sa carrière. Il
fait la connaissance de la
magnifique Candice Bergen et surtout l’incomparable Annie Girardot. Avec la
sortie du Le voyou, où Amidou joue le rôle de Bill, les années 70 semblent lui
promettre d’autres succès de salles et une certaine reconnaissance critique.
Car il faut le dire, les seconds rôles joués par Amidou passaient souvent
inaperçus. On focalisait sur Montand, Trintignant et même Aldo Maccione à ses
débuts. Mais Amidou, qui ne jouait pas
du tout l’arabe de service, n’emballait pas. Pas encore.
Passage à vide
Ce
qui était censé lui ouvrir grands les portes du cinéma français, s’avère une
parenthèse enchantée. Amidou passe par une longue période de vache maigre. Peu
de films. De petites apparitions. Des tentatives de retour sur les planches. Les années 70 et 80
marquent son déclin. Il se refera une santé, encore une fois, grâce à Claude Lelouche, décidément le
seul à croire en lui. Il joue dans « La belle histoire » en 1992 avec
Gerard Lanvin, Jacques Gamblin, Béatrice Dalle, Vincent Lindon, Patrick
Chesnais… toute une nouvelle génération d’acteurs. Il se contente de ce qu’on
lui propose. Il fait avec. Arrive
le film très attendu « And now... Ladies and gentlemen ». Toujours pareil. Amidou fait quelques apparitions. Il faut
croire que le train de la grande notoriété est passé, trop vite. Amidou aurait-il raté quelque
chose au passage ? était-il mauvais acteur ? Pa si
bon comédien que certains voulaient bien le croire ?
Seconds rôles
Quoi qu’il en soit, la carrière
qui se profilait devant lui à ses débuts en 1960 est bien loin. Plus de 30 ans
après, Amidou attend qu’on l’aide. Il ne s’affirme plus. Il aura bien tenté
d’autres réalisateurs comme Georges Lautner dans La valise ou Alain Cavalier
dans La Chamade et même Philippe de Broca avec qui il joue dans La poudre
d’escampette allant jusqu’à faire des guest staring chez Alexandre Arcady pour
L’union sacrée et Le grand Pardon 2 avec Roger Hanin. Amidou le sait, il n’a
pas réussi ce qu’il pouvait. Un dernier rôle au cinéma en 2012, toujours chez
Arcady dans «Comme les cinq doigts de
la main » aux côtés de Patrick Bruel et Vincent Elbaz, est son
chant du cygne. Évidemment Amidou
a eu une période cinéma américain. Tout le monde s’en souvient dans « Le
Convoi de la peur » ou encore « Rules of Engagement » de William
Friedkin. Il a même joué chez Otto
Preminger dans « Rosebud ». John Huston l’embauche dans «A nous la
victoire ». Il tutoiera Robert de Niro dans « Ronin » de John
Frankenheimer et passera des moments de sympathie sur le tournage casablancais
de « Spy Game » de Tony Scott avec Robert Redford et Brad Pitt.
Une carrière en dents de scie.
Des hauts, beaucoup de bas. Mais
un homme simple. Un type bien. Le genre de bonhomme avec qui on a envie de
passer une soirée et se lier d’amitié. Jamais la grosse tête. Même quand en 2005, il a reçu des mains du grand
cinéaste américain Martin Scorsese un trophée en son honneur lors de la
cérémonie d'ouverture du Festival de Marrakech, Amidou est resté humble,
modeste, presque gêné de tant d’honneur. C’est cela aussi la marque de fabrique
des grands : la tête sur les épaules et beaucoup d’humilité.
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