La
modernité n’a pas que du bon. J’irai même jusqu’à dire qu’elle a beaucoup de
mauvais. Mais le pire demeure l’individualisme, l’isolement, le chacun pour sa
poire. L’oubli de l’autre, la vie en ermite, la coupure avec les autres. Il est
vrai que les méfaits de la vie moderne sont plus agressifs en Occident et dans
les pays riches. Quand on est pauvre, on se mêle beaucoup de la vie des autres.
C’est connu.
C’est ce
fait à la fois tragique et insolite rapporté en Hollande qui m’a mené à
ressasser un sujet aussi délicat sur l’amour du prochain et la cohésion social.
Aux Pays-Bas, le corps d'une femme a été découvert sur son lit à Rotterdam, dix
ans après sa mort. Le corps a eu le temps
de devenir un simple squelette, et personne n’est jamais venu s’enquérir
de la bonne femme. Il a fallu
attendre que des ouvriers chargés de remplacer la canalisation de gaz pour découvrir
le cadavre.
La défunte
avait 70 ans et aucun des voisins n’a cherché à savoir pourquoi elle a disparu
sans sommation. Pas une personne n’est passée la voir en dix ans. Quel monde.
Pour justifier leur comportement, certains voisins, badauds, alertés par la
police, ont rétorqué qu’ils n’avaient pas senti «d’odeur ni vu de vermines».
Pour
l’anecdote, quand la police a voulu forcer la porte, il a fallu une demi-heure
pour y arriver. Le courrier de dix ans s’était amoncelé faisant bloc derrière
la porte. Mais le clou de
l’histoire reste la venue d’une femme, qui a affirmé devant la police qu’elle
était la fille de la défunte et qu’elle n’avait pas vu sa mère depuis vingt
ans. Vive la famille.
Mais
n’allez pas croire que c’est là un fait isolé. Vous vous souvenez de ces femmes
séquestrées pendant trente ans aux USA. Et des autres, cette semaine, en Grande
Bretagne ? Personne n’a rien vu non plus. On est occupé à trimer, à devenir
des automates et à oublier qu’on est des humains et que le proche, celui qui
nous ressemble, un peu, est un ingrédient essentiel de notre vie.
Chez nous
aussi, on a eu des morts découverts quelques jours plus tard. C’est vrai que
c’est l’odeur qui a alerté les voisins, mais c’est symptomatique d’un monde qui
a déjà changé, même dans des sociétés arabes et musulmanes où le voisin et le
proche sont placés en haut lieu par le livre saint. On a même eu
une grande perle du sport national découverte décomposée trois jours après sa
mort. Comme me l’a soufflé un ami, aujourd’hui on a déjà commencé à placer les
vieux parents dans des foyers. Demain, les gens peuvent mourir et peut-être
qu’on ne le saura que dix ans après. J’espère ne plus être de ce monde pour ne
pas le voir arriver dans ce cher Maroc où les voisins sont souvent des membres
à part entière de la famille. .
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