Tous les voyants sont au rouge au niveau de la santé au Maroc.
Des médicaments trop chers, difficultés d’accès aux soins, manque de médecins, anarchie, corruption
et déficit d’éthique de la part de certains praticiens, le pays a mal à sa
santé.
La santé est la cinquième roue du
carrosse au Maroc. Ce n’est un
secret pour personne. Aujourd’hui les rapports se suivent et versent tous dans
la même direction. Dernier en date, celui du Conseil économique, social et
environnemental (CESE), rendu public à la mi-décembre 2013, qui fait un diagnostic sans compromis
sur l’état de santé des Marocains et leur calvaire quotidien pour se faire
soigner. Le CESE a mis le doigt là où cela fait très mal pour dénoncer les fortes
inégalités dans l’accès aux soins et la centralisation du secteur de la santé
qui nuit beaucoup aux Marocains. Le tout couplé au manque de moyens humains et
matériels, la cherté des soins, la corruption, l’absence de coordination entre
le public et le privé et un état d’anarchie qui prend
de plus en plus d’ampleur, surtout dans les urgences.
Situation
catastrophique
D’abord
le déficit humain et matériel. Le ministre de la
santé, El Hossein El Ouardi, lui-même, a affirmé devant le Parlement que le
Maroc souffre d’une pénurie en personnel, qui tourne autour de 7.000 médecins
et 9.000 infirmiers. Ce manque touche
tous les établissements hospitaliers, reconnaît le ministre de la santé. En effet, le Maroc ne compte que 6
médecins pour 10.0000 habitants, alors que le standard de l’OMS est fixé à
1médecin pour 650 habitants. Le ministre assure que le gouvernement a lancé un
programme de formation pour 3.300 nouveaux médecins chaque année. Un plan qui
date déjà de quelques années, sans grand résultat, mais qui, selon le ministre
de la santé, se poursuit pour
permettre au Maroc d’avoir 10 médecins pour 10.000 habitants d’ici 2020.
La deuxième plaie de la santé au Maroc demeure encore et toujours ses urgences. D’après
les statistiques du ministère de la santé plus de 4,7 millions de patients ont
été admis aux urgences en 2012. Ce
qui nous donne une hausse de 13 % en comparaison avec 2011. Mais les critiques fusent de toutes
parts pour lever le voile sur une série de dysfonctionnements qui gangrène ce
secteur vital de la santé pour les Marocains. La situation est telle que des
médecins eux-mêmes déconseillent aux populations de ce rendre dans ces lieux
devenus « dangereux pour la santé des citoyens». Des structures figées
depuis de nombreuses décennies, les centres d’urgence au Maroc n sont dans
l’incapacité d’assurer des soins urgents à des malades ou des accidentés en détresse. Tout le
corps médical sérieux est d’accord là-dessus. Toute assertion contraire est
apparentée «à du mensonge», comme l’assène de nombreux professionnels de la
santé.
Rural oublié
L’autre point noir de la santé est celui lié au
monde rural. Là, les disparités sont nombreuses. Selon Hakima Himmich, membre de la
commission des affaires sociales du CESE, les médecins rechignent à travailler
dans les zones rurales. Pourtant, les chiffres officiels nous montrent que 70%
des 2 500 centres de santé sont concentrés dans le milieu rural. Pourtant, ils
sont inefficaces parce qu’ile manquent de médecins, d’infirmiers et de moyens
matériel dignes de ce nom. Il faut savoir que 24% de la population marocaine
accèdent difficilement aux soins et vivent à plus de 10 km d’un centre de
santé. Cette situation entraine inévitablement une forte mortalité maternelle
et infantile dans certaines zones. A ce niveau le CESE attire l’attention sur
le problème de l’avortement qui a besoin d’un débat national urgent puisque les
chiffres officiels font état de en
2012 près de 50 000 adolescentes qui ont accouché.
Public-privé
Il
faut aussi se pencher sur les inégalités entre secteurs public et privé. Pour
les spécialistes, le manque de coordination entre les deux services pénalise
lourdement la santé au Maroc. On le sait, le privé emploie 50% des médecins,
90% des pharmaciens en plus de 10% des infirmiers. Pourtant, c’est le secteur
public qui prédomine dans « l’organisation de l’offre des soins de santé
de base », comme le soulignent les responsables du CESE. Une concertation avec le public semble
donc nécessaire pour l’amélioration des soins. Un dysfonctionnement qui a conduit
à la fermeture de quelque 143 de centres de soins publics alors que d’autres centres
sont très peu fréquentés.
Reste
la cherté des médicaments. C’est là où se concentre le plus grand décalage
entre revenus de la majorité des Marocains et les dépenses médicales. 53% des
dépenses de santé sont supportées par les ménages. Il y a eu des gestes pour
baisser les prix de certains médicaments, mais ce n’est pas du tout suffisant. Pour les maladies les plus graves,
cardiovasculaires, maladies rénales, diabète et autres cancers, mieux vaut être
riche pour se faire soigner. Sinon, les pauvres, qui sont la majorité des
Marocains, peuvent bien mourir en attendant des soins hypothétiques.
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