mardi 10 décembre 2013

Il pleut des étoiles à Marrakech


L'édition 2013 du Festival international du film de Marrakech (FIFM) est, de l'avis de tous les spécialistes, l'une des plus abouties. Grand jury autour de Martin Scorsese, une compétition officielle avec de très grands films, venus du monde entier, et des hommages pour des icônes absolues du 7ème art.




James Gray, le cinéaste américain d'origine russo-polonaise, après sa Masterclass, donnée le 2 décembre 2013 au Palais des Congrès de Marrakech, a bien résumé ce festival:" j'ai été membre du jury en 2012, j'ai pu voir de grands films et découvrir des talents immenses. cette année, il semble que la magie Martin Scorsese a opéré, mais je mense que c'est une année mémorable". Comme quoi le chiffre 13 peut être synonyme de grande réussite. Il faut dire que le jury de cette édition est des plus relevés. Martin Scorsese, Marion Cotillard, Fatih Akin,Park Chan-wook, Amat Escalante, Paolo Sorrentino… que des calibres XXL pour décortiquer chaque oeuvre dans ces moindres recoins. Ils sont servis par une excellente sélection pour la compétition officielle.

Grand cru
D'emblée, le premier film en lice "The Wishful Thinkers", a donné le ton. Film espagnol, signé Jonas Trueba, c'est un hymne pour le cinéma. Une superbe mise en abîme de tout le process pour faire oeuvre cinématographique, avec des clins d'oie sublimes comme ce passage en pleine séance de cinéma où le protagoniste quitte la salle, va voir le projectionniste, le tout en cinéma muet. Film sobre, au plus près de l'écriture avec ces aléa, ces changements, ces angles de vision, le tout en noir et blanc, avec en prime une chanson sublime, tournée en clip surannée, comme un hommage à tout ce qu'il y a de beau dans le cinéma. "Viva la liberta" de Roberto Ando est dans le même esprit. Film fort, décliné avec candeur, sur une affaire politique, pleine de rebondissement, avec au centre, des questionnement sur la moralité, la philosophie et les enjeux politoco-politiciens.  Servi par l'inégalable Toni Servillo, c'est un film de très bonne facture. Dans le même sillage, il faut lire des oeuvres comme "Ida", "La marche", "Medeas" qui a des allures très malickiennes, sur ce père de famille qui cède au désespoir, devant le mutisme de femme, et se tue avec  ses gosses dans sa voiture, asphyxiés par la vie et la sécheresse de l'existence. d'autres films suivent cette courbe qui se décline comme un roman tant les films en compétition sont liés entre eux par un fil ténu qui en est l'ossature et en garantie l'homogénéité. "The Gambler", "The Swimming Pool", "Traitors", "Bad Hair", "Again" ou encore "Hotell" et "How I live Now". Comme chaque année au festival du film de Marrakech, on fait place à de véritables réflexions humaines sur la vie et ses corollaires. On donne dans la profondeur et la créativité. Aucune place n'est laissée au faisage et aux approximations pseudo-intellectuelles. C'est cela le pari gagnant de Bruno Barde, le directeur artistique du FIFM.

Cinéma en fête
Si l'hommage rendu à Sharon Stone, le 29 novembre 2013, a été une belle entrée en matière (voir interview pagexxx), la suite a confirmé la tendance voulant faire de cette édition 2013 une grande réussite à tous les niveaux. D'abord la présence de Juliette Binoche pour l'hommage qui lui a été rendu a fait vibré tout Marrakech. On savait cette dame, pétrie de force et de profondeur, mais son attachement au Maroc, terre où son père et son grand père ont vécu a donné à cette émouvante soirée une teinte encore plus humaine. Le film d'Erik Poppe A Thousand Times Goodnight, présenté hors compétition sur la vie d'une photographe de guerre, jouée avec maitrise par Juliette Binoche, fait  partie des plus grands films de cette année. Ouvre compacte, dramatique, avec une approche très critique sur les conflits dans le monde et le silence des grandes puissances.
L'autre grand moment de ce festival est l'hommage rendu aux cinémas scandinaves. Norvège, Danemark, Suède, Finlande et Islande avec des noms comme Mads Mikkelsen, Bille August, Susanne Bier, Thomas Vinterberg, Tobias Lindholm, Noomi Rapace et Nicolas Winding Refn pour ne citer que ceux-ci, nous sommes face à ce qui se fait de mieux aujourd'hui dans le monde du 7ème art. Cinéma innovant, héritier  de Carl Dreyer, d'Ingmar Bergman, influencé par les travaux d'un Aki Kaurismaki, Alf Sjoberg ou encore l'inclassable Lars Van Trier.  Après des cinématographes comme la Corée du Sud, le Mexique, la France, le cinéma indien, nous entrons de plein pied dans des univers particuliers, transcendés par une approche du cinéma qui va à l'essentiel, se traduit dans la vie de tous les jours, avec des libertés qui font pâlir les plus grandes capitales du cinéma.

Label Maroc

Comme l'a dit, Martin Scorsese, le vendredi 29 novembre lors de la cérémonie d'ouverture du festival de Marrakech, le Maroc est une terre bénie, un pays d'accueil, ouvert sur le monde. Un pays de paix où l'art tient une place de choix avec un festival de renommée mondiale.  C'est que depuis la première édition, en 2001, le festival du film de Marrakech s'est bâti autour de l'idée du partage et de l'ouverture vers toutes les cultures et toutes les cinématographies. Un voeu royal, née d'une vision pour faire du Maroc l'un des pays du Sud, un pays arabe, qui s'ouvre aux autres et qui reçoit la beauté des différentes cultures dans un esprit de partage universel. Tout le monde s'accorde à dire qu'avec le festival du film de Marrakech le pays a su se placer comme l'une des destinations artistiques les plus courues depuis que des figures comme Oliver Stone, Francis Ford Coppola, David Lynch, Leonardo Di Caprio, Abel Ferrara, Jim Jarmush, James Gray et tant d'autres ont témoigné de leur amour pour cette terre. C'est cela aussi la mission de ce festival, donner une réelle image de ce qu'est le Maroc et quelles sont ses aspirations profondes de pays résolument tourné vers l'avenir.








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