Quelle
drôle d’année. 2013 aura cristallisé tous les maux de la société marocaine.
Crise économique sans fin, vide politique avec le départ des ministres
istiqlaliens du gouvernement, élimination de la Coupe du Monde, une CAN ratée
et tant d’autres travers qui ont secoué l’actualité du pays en douze longs et interminables mois.
Bref
les Marocains ont dû faire contre mauvaise fortune, un cœur d’acier pour ne
pas tomber raides à cause d’un infarctus inattendu,
foudroyés par le manque, l’invisibilité, le désespoir et la frustration.
La
morosité ambiante a gagné beaucoup de terrain durant cette triste année.
Partout, on se lamente. Le fric, nerf de la guerre, manque cruellement. Enfin,
il manque aux pauvres, qui sont devenus encore plus nécessiteux. Quant aux
riches, ils ont serré la ceinture, levé le pied des affaires pour voir de quoi
il en retourne. On ne sait jamais, des fois que la crise s’éternise, mieux vaut
ne pas trop se découvrir. C’est que chez les gens fortunés, il y a une ligne de
conduite infaillible : quand le climat est au beau fixe, on fait des
emplettes. Quand les intempéries menacent, on se terre… « Wait and See »,
disait un économiste anglais dont j’ai égaré le nom.
Un ami
qui travaille dans un tribunal m’a même dit qu’en 2013, il a vu de nombreux
couples divorcer. Encore des dégâts collatéraux de la crise et du manque de
pognon. Car là aussi, il ne faut pas se leurrer, en mariage comme en tout du
reste, tant qu’il y a de l’oseille, ça va. Quand les billets viennent à
manquer, ta femme peut te quitter
ou alors c’est toi-même qui comprends qu’il faut que tu partes. Ce qui revient
au même.
D’autres
personnes ont décidé de quitter le pays. Ils ont dû penser qu’ailleurs, les
choses vont aller mieux. Pa du tout. C’est même pire ailleurs. Les immigrés en savent quelque chose, eux qui ont
souffert durant plus d cinq ans dans une Europe aux abois. Là encore un mai,
économiste, cette fois, m’a dit que seuls les riches peuvent changer d’air
facilement en allant bronzer sous d’autres cieux. Crise ou pas, quand on a des
thunes, on grille la vie par les deux bouts. C’est même, selon une étude
américaine, une bonne thérapie pour faire passer le temps… de la crise.
Quoi
qu’il en soit, ici au Maroc, on en a bavé, cette année. On a tellement tiré la
langue qu’on n’a fini déshydratés. Certains ont trouvé le salut dans des
lubrifiants mondains, histoire de se réhydrater. D’autres ont tenu bon. Là, je
ne sais pas comment, mais beaucoup de Marocains, presque la majorité écrasante,
n’a même pas dit «aïïe ». Rien. On a mal, on accuse le coup, on serre le
ventre, on crie à l’intérieur et on attend que Dieu nous vienne en aide. C’est
peut-être là la meilleure thérapie : s’en remettre à Dieu à défaut de compter sur les humains. Amen.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire