Hommage.
Le
Festival international du film de Marrakech (FIFM) a rendu hommage à l’actrice américaine Sharon Stone, lors
de la cérémonie d’ouverture, le 29 novembre 2013. La grande star revient dans
cet entretien sur l’honneur d’être célébrée au Maroc en
recevant une étoile des mains de son ami Martin Scorsese, son engagement humain et ce qu’elle pense du Maroc.
Abdelhak
Najib : Recevoir un hommage ici, à Marrakech, qu’est-ce que cela vous
inspire-t-il?
Sharon
Stone: Je
suis très honorée. Ma joie est double. D’abord, recevoir ce trophée des
mains d’un grand ami comme Martin Scorsese est pour moi une immense fierté.
Ensuite, être honorée au Maroc, dans un pays arabe et musulman, me touche au
plus haut degré. Je ne savais pas que j’étais si aimée dans votre beau pays.
On l’a vu
lors de votre passage par le tapis rouge, vous avez tenu à saluer le public
presque un à un...
Sharon Stone: Ce
fut un élan spontané. Je suis descendue de voiture et j’ai
entendu les
gens crier mon nom. Je me suis retournée et j’ai marché vers eux. Ils avaient
les mains tendues, j’ai aussi tendu les miennes et là j’ai senti tout l’amour
que ces hommes, ces femmes, ces jeunes me portaient. Il y avait là une réelle
chaleur humaine. Je n’ai ressenti que l’amour d’être parmi ces gens comme si j’étais
chez moi.
Martin
Scorsese a dit avant de vous remettre l’étoile pour l’hommage qui vous a été
rendu, qu’en revenant au Maroc, pays qu’il connaît si bien, il est rentré à
la maison. Partagez-vous ce sentiment?
Sharon
Stone: Je
ne connaissais pas bien le Maroc, mais j’ai voyagé dans le sud avec mes
enfants, et j’ai découvert de nombreuses facettes de votre pays. J’avais aussi
beaucoup entendu parler du Maroc par des amis du cinéma qui sont déjà venus
à Marrakech pour le festival, mais il a fallu que je me fasse mes propres
opinions. Le Maroc tranche complètement avec tout ce que l’on peut lire dans
les médias américains sur le monde arabe et musulman. C’est un pays sûr, un
pays stable, avec un roi qui a su prendre les initiatives qu’il faut pour que
son pays traverse les événements tristes du printemps arabe, avec
sérénité. C’est là un signal fort qui démontre que le royaume du Maroc est
une exception.
À quel
niveau?
Sharon Stone: De
ce que j’ai appris et j’ai lu, le Maroc a donné plus de liberté aux femmes,
et c’est là un sujet qui me touche beaucoup. Vous avez également une nouvelle
constitution, plus de liberté et la démocratie prend de plus en plus de place
dans la vie, à tous les niveaux.
Le fait que
le gouvernement marocain soit dirigé par des islamistes, cela ne vous a-t-il
pas, disons, refroidi avant de venir ici?
Sharon
Stone: Non,
absolument pas. Il y a une vraie tolérance au Maroc et, si j’ai bien compris,
c’est là une coutume ancestrale, une réelle tradition marocaine. Cela relève
de l’Histoire du Royaume et ce n’est pas l’arrivée d’un gouvernement islamiste
qui peut facilement changer le poids de l’Histoire. Non, j’ai été rassurée
et mon séjour marocain, avec mes enfants, m’a donné raison.
Parlez-nous
de ce voyage au Maroc avant le festival avec vos enfants?
Sharon Stone: Je
suis arrivée avant le festival et j’ai eu la chance de visiter le désert
marocain avec mes enfants. C’était un voyage exceptionnel. Cela m’a permis de
connaître un peu le Maroc. Vous savez, la rencontre des gens est capitale pour
s’imprégner d’un pays. Je considère ce séjour avec mes enfants comme une
réelle initiation à ce beau pays qu’est le Maroc. J’ai aimé les paysages, la
générosité des gens et la paix que l’on ressent ici. Je comprends pourquoi
le Maroc est synonyme de bonheur pour de très nombreuses personnes. Il y
souffle un air apaisant. C’est de la magie.
Quel regard
portez-vous aujourd’hui sur votre carrière? Sharon Stone: Avec
beaucoup de recul, j’aime tout ce que j’ai fait. J’ai joué dans des
Blockbusters, j’ai fait des films qui ont marqué des époques dans l’histoire
du cinéma, mais j’ai aussi joué dans des films de grands auteurs comme
c’était le cas dans Casino,
de Martin
Scorsese. J’ai eu la chance de toucher à plusieurs registres et je crois que
c’est cela aussi qui caractérise la force d’un acteur, pouvoir camper
plusieurs personnages et voyager à travers tous ces caractères.
Quel
souvenir gardez-vous de la période très chaude de “Basic Instinct”?
Sharon Stone: Ce
film a été un énorme pas dans ma vie d’actrice. J’ai montré ce dont
j’étais capable, ce que je savais faire. Au-delà de son côté thriller sexy,
c’est un film qui a une place spéciale dans ma carrière. Aujourd’hui, je suis
passée à d’autres choses.
Comme votre
dernier rôle, très engagé dans le film intitulé “Lovelace”?
Sharon Stone: tout
à fait. là, j’ai pris d’autres risques comme vous pourrez le voir à la
sortie du film. Je joue dans ce film le rôle de Dorothy Boreman, la maman de
Linda, une grande figure du cinéma porno aux USA, qui s’est muée en une
farouche militante anti-cinéma X. Le film n’a évidemment rien à voir avec la
pornographique. c’est un très beau film qui met la lumière sur une vie
humaine, un drame familial, avec beaucoup d’acuité et de sérieux. Je suis
très heureuse d’avoir tourné ce film.
Cette
rencontre avec Scorsese ici au Maroc pourra-t-elle déboucher sur un nouveau
film ensemble? Sharon Stone : Croisez les doigts pour moi et prenons une
minute pour prier ensemble pour que cela puisse avoir lieu. Je serai alors une
femme comblée, parce que tourner avec Martin Scorsese est le plus cadeau que
la vie puisse vous donner
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