L’écrivain chinois Murong Xuecun signe un roman
profond sur la corruption dans les milieux judiciaires en Chine. Un livre
référence sur une société que l’on connaît peu.
Il n’est
pas aisé de pénétrer dans les soubassements des couloirs de la justice. Surtout
pas en Chine où les compartimentations entre services semblent avoir été
érigées en bouclier pour ne jamais rien comprendre. Encore moins voir. Pourtant
c’est ce qu’a tenté Murong Xuecun dans Danse dans la poussière rouge. Et il a
réussi son pari de révéler les rouages d’un rouleau compresseur nommé justice
où la corruption gangrène tous les étages des affaires du plus banal au plus corsé. Murong Xuecun nous
raconte ici les pérégrinations d’un avocat qui a décidé de se lancer pieds et
mains liés dans l’enfer de la corruption tous azimuts pour faire fortune. Rien
ne lui résiste. Il ne recule
devant rien, non plus. Ni morale, ni décence, ni serments ne peuvent faire face
à sa convoitise. Parue en 2008, cette histoire revient
sur la vie tourmentée de Wei Da. C’est un simple campagnard, issu du milieu
rural, qui a pu devenir juriste en distribuant des pots de vin à tout va. Pour
Murong Xuecun, la poussière rouge dont il est ici question, terrain d d’une
danse bizarre qui ne dit pas son nom, est le symbole de ce monde rempli de mal,
où les gens peuvent se déchirer pour avoir ce que l’autre a dans les mains. Un monde cruel. Un monde
sons lois. Sans pitié. Un monde pire qu’une jungle. Car, à parcourir ces pages,
la justice et ces corollaires paraît comme une hydre dont les membres se
multiplient sans cesse pour broyer des hommes.
Monde à la dérive
Pour ce jeune juriste, pourtant né
durant la Révolution culturelle, le monde devrait se couvrir d’une fine
poussière blanche, presque imperceptible. Mais tout se colore de rouge. Couleur
de sang. Couleur de l’infamie, dans un monde sans sentiments. Rien de manichéen
dans cette fable. Il n’est pas non plus question de bons sentiments pour
dénoncer des gens mauvais, animés par la cupidité. Mais juste une histoire bien
ficelée pour lever le voile sur des pratiques humaines où il ne subsiste rien
d’humain. Cette descente aux enfers montrent à quel point l’être humain peut
devenir vil. Il est capable du pire et de l’inimaginable pour arriver à ses
fins. Ici le personnage principal est allé si loin qu’elle a pensé tuer une
petite amie devenue gênante. Entre cynisme et cruauté, Danse dans la poussière
rouge est l’un des romans les plus puissants de cette dernière décennie en
Chine. Un livre actuel et sans compromis.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire