mardi 19 novembre 2013

Morte, mais revenue d’entre les morts, bien vivante


Je n’aimerai pas être à sa place. Une Brésilienne a eu la peur de sa vie quand venant se recueillir sur la tombe d’une proche, elle entend des gémissements venant d’une autre tombe. La bonne femme a cru mourir et rejoindre l’au-delà.  Vous imaginez une telle situation ? Pourtant c’est déjà arrivé à un ami. Et j’en suis témoin. Sa tante, dans un douar pas loin de Settat, a rendu l’âme. C’est du moins ce que tout le monde pensait. Mais il se trouve que non.

On a mis la morte dans un linceul. On a creusé. On l’a enterrée. On a pleuré un bon coup. Et tout le monde est revenu manger et  se repaître après une dure journée de lamentations. Et vas-y que je te raconte la vie de la défunte. Et vas-y qu’on déterre les vieux contentieux. Et vas-y que sa mémoire est tantôt honorée par des louanges. Tantôt, salie par des invectives.

Bref, on a tout déballé. Tout le monde a enlevé le masque pensant que la dame est partie pour ne jamais revenir. Mais les voies du seigneur sont si impénétrables qu’il a été décidé ailleurs que la vieille devait revenir d’entre les morts et régler, elle-même, ses propres comptes avec tous ceux qui ont médit d’elle, après sa mort, qui n’en était pas une.

Le lendemain, on vient pleurer un dernier coup, quand ses deux sœurs l’entendent crier. On croit flipper. On hurle de tous les côtés. On ameute le village. On ramène les notables. On fait appel à un fqih. On fait un boucan de tous les diables à réveiller tous les morts. Mais c’est juste la vieille qui veut revenir.

Elle ne se sent pas encore chez elle la bonne femme. Elle est partie tôt. Ce n’était qu’une fausse alerte. Son heure n’avait pas du tout sonné. On creuse. On la déterre. On défait le linceul. La bonne femme est vivante. Elle a failli suffoquer. Mais l’instinct de survie a tenu bon face à l’étroitesse de la tombe.
Quand elle sort, on l’emmène chez elle. Et tous ceux qui l’avaient insultée, ont été démasqués par les autres. L’enterrement raté s’est mué en procès de tous sans sommation. Et comme la vieille avait du poids, car riche, son retour d’entre les morts, n’a pas fait que des heureux.

Elle aura vécu dix ans plus tard. Elle aura mené la vie dure à ceux qui l’avaient descendue en flèche. Sans quartiers. Intraitable de son vivant, son épisode bizarre de mort sans entrée en vigueur l’a rendue plus hargneuse et vindicative. Elle a saisi que même quand on quitte ce monde, pour peu de temps, il faut assurer ses arrières.
Moralité de l’histoire, même un mort n’est mort que quand il ne revient pas au bout de quelques jours. C’est d’ailleurs pour cela qu’il y a eu une longue tradition de croque-morts qui mordaient dans les doigts de pieds des défunts pour vérifier qu’ils vont bien manger les pissenl

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