L’écrivain chinois Liu Xinwu livre dans ce grand volume
ses impressions sur l’héritage littéraire de la Chine. On y retrouve toute la
tradition chinoise dans ces nombreuses ramifications.
« Je
ne suis pas une personnalité politique, je n'ai pas l'intention de jouer un rôle particulier en soulevant la question du 4 juin, même si
cette date reste un événement incontournable. Il correspond à ma date de
naissance. Cela restera toujours pour moi extrêmement douloureux que mon
anniversaire soit associé à cette date… J'ai commencé la rédaction du livre en
2004, soit quinze ans après Tiananmen. Pour moi, c'est un souvenir très douloureux, en plus d'être un sujet toujours inabordable en Chine sous forme de livre.
Mais je l'ai écrit pour défendre ma dignité. Il ne devrait pas y avoir de sujet interdit dans le domaine de la mémoire… » Liu
Xinwu, écrivain chinois reconnu mondialement, revient ici, dans Je suis né un 4 juin sur le thème tabou en Chine des
événements sanglants de Tiananmen, en 1989. A l'époque, l’auteur était membre
du Parti et rédacteur en chef de Littérature
du peuple. Il est limogé après le 4 juin pour avoir participé à une manifestation contre la proclamation de la loi
martiale.
Coup de gueule
Un
coup de gueule qui lui aura coûté, mais ouvert en même temps, une voie plus
indépendante pour dire ce qu’il veut sur un pays où l’écriture ne rime pas
toujours avec liberté. Liu Xinwu nous livre donc ses
Mémoires. Un ensemble important de plus de 1000 pages qui a la résonnance d’un
pied de nez et d’un défi face aux rigueurs du Parti. Ces Mémoires reviennent sur une période s’étendant sur presque
70 ans. On remonte à la guerre de Résistance contre le Japon pour vivre la
Chine d’aujourd’hui. Une Chine, qui a n’a pas encore amorcé son mouvement vers plus de libertés individuelles,
mais qui craint toute ouverture susceptible de lever le voile sur des pratiques
atroces toujours en vigueur dans ce vaste et riche pays d’Asie.
Liu
fait le portrait de la Chine communiste depuis 1949 et présente une galerie de
personnages influents ou officiels : la dramaturge Sun Weishi, fille adoptive de Zhou Enlai,
l’écrivaine féministe Ding Ling, ou Gao Xingjian, Prix Nobel de littérature. Plusieurs
visages de la résistance par les mots. Plusieurs vies et parcours qui servent
aujourd’hui de moteur pour d’autres générations d’auteurs, assoiffés de liberté
pour vivre dans la dignité.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire