L’écrivain chinois Liu Zhenyun signe un livre solide qui voyage à travers
plusieurs périodes pour relater un pan de l’histoire de la Chine.
Qu'est-ce
qui précipite Yang Baishun sur les routes du Henan, loin de chez lui? La colère
qui le saisit à la révélation que son père l'a voué, lui, le plus doué de la
fratrie, au petit commerce familial de tofu, tandis que ses frères sont promis
à la rencontre du vaste monde. Qu'est-ce
qui motive Niu Aiguo à s'engager à dix-huit ans dans l'armée de terre quitte à
rester cantonné dans le désert de Gobi? Le désir d'apprendre à conduire, de
devenir chauffeur de camion – un métier qui lui permet, rendu à la vie civile,
de sillonner la Chine, à l'aventure.
Un
lien unit ces deux hommes que les époques et les lieux séparent. En un mot
comme en mille se présente comme un aller et retour entre leurs histoires
parallèles et pourtant différentes, à soixante ans d'intervalle. Liu Zhenyun y
explore le sentiment de solitude, si difficile à supporter pour un Chinois. Car
ouvrir son cœur à quelqu'un n'est pas chose aisée dans une société fondée sur
des pratiques communautaires qui gomment ce sentiment universel.
À
travers une galerie de portraits, de personnages typés de la province du Henan
dont on saisit peu à peu les relations et les interactions, les peines et les
joies, Liu Zhenyun met en scène l'influence des mots des uns sur l'existence
des autres. Au-delà de la satire, il livre une réflexion sur la vie quotidienne
en Chine. Renouant avec le style des grandes fresques, il signe là l'œuvre
maîtresse de sa maturité.
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