Les
éditions Gallimard et Joëlle Losfeld publient une nouvelle édition augmentée et
enrichie en 2013 de l’ouevre majeure de l’écrivain égyptien Albert Cossery dont
c’est le centenaire de la naissance cette année.
Un
livre culte ; traité au cinéma par Asmae El Bakri dans un monument du
septième art égyptien. Mendiants et Orgueilleux plonge au cœur des ruelles du
Caire pour lever le voile sur les secrets, les mystères, les non-dits, les
espoirs avortés de toute une population, livrée à elle-même. Nous sommes au
cœur palpitant d’une ville monstrueuse. Le Caire affiche complet et déborde.
Gohar,
un ex-philosophe recyclé dans la mendicité, parcourt les venelles des quartiers
pourris de la ville, insouciant, coupé de tout, non concerné par le sort d’une
cité qui part en fumée. D’autres figures peuplent ce roman, haut en couleurs.
Un cul-de-jatte, qui passe son temps à gérer les crises de jalousies de sa
femme, qui lui demande de l’honorer toutes les nuits de peur d’aller voir
ailleurs. Il y a Yéghen, un vendeur de hachisch notoire. Il est laid mais c’est
un homme qui rayonne de bonheur tant la vie et ses contingences le laissent
froid. Et il y a surtout Set Amina, la mère maquerelle, la dame qui régente
tout ce beau monde connaissant bien les besoins primitifs des hommes et leurs
folies devant la chair. Sans
oublier Nour El Dine, un policier homosexuel, qui enquête sur le meurtre d’une jolie prostituée dans le
bordel de Set Amina, mais qui au fur
et à mesure que son enquête piétine, il se doute de sa raison d’être, de
son métier et de sa vie.
Roman
sublime sur un monde à la dérive
qui cadre avec ce que traverse aujourd’hui l’Egypte, mais aussi d’autres pays
arabes, toujours secoués par des révolutions avortées.
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