L’écrivain américain, Jim Harrison signe un recueil de nouvelles à la
fois enraciné dans son Michigan
natal et ouvert sur les vastes étendues humaines. Grandiose.
Encore ce magnifique
Michigan. Toujours ces plaines verdoyantes. Ces montagnes où la liberté tutoie
la grandeur des bisons. Chez Jim Harrison, auteur de Dalva, de La route du
retour, Légendes d’automne et Wolf offre un autre regard en trois nouvelles sur
sa terre natale. Toujours sur fond d’une Amérique désabusée.
L’Eté où il faillit
mourir, cela sonne comme l’apocalypse ajournée, la fin du monde différée pour
cause de non-compatibilité avec l’ailleurs. Mais Jim Harrison aime tous les
ailleurs, ceux où la nature et l’homme copulent en des orgies dionysiaques.
D’ailleurs entre la bête et l’homme, il n’y a pas beaucoup de différence. A
peine quelques ajustements à faire pour que les deux espèces puissent trouver
un vaste terrain d’entente.
Chez Harrison, c’est
toujours sur les grandes étendues verdoyantes du Michigan, que l’histoire prend
corps. Ici il s’agit de Chien Brun qui se met en selle pour courir la plaine,
dévaler les pentes et sauver une fille des rouages du système en l’adoptant. En
voilà déjà une nouvelle naissance dans cet à priori de la mort. Et la nouvelle
se décline comme une marche solitaire entre deux individus qui décident de
faire de l’amour le premier venu.
Ce qui suit tranche avec
ce début, mais nous sommes toujours dans les mêmes sillages. Un bel homme sur
le retour et trois femmes. C’est la deuxième nouvelle. «Traces» écrit l’auteur,
empreintes de vies éparses et désirs d’autres existences enfouies entre oubli,
rêveries secrètes et beaucoup de non-dits.
Jim Harrison livre là
quelques aspects de son écriture la plus jubilatoire entre sublimes passages
autobiographiques, allant de l’enfance jusqu’aux perditions de l’homme «plus
âgé». Mais c’est le cheminement qui prend ici toute sa valeur. La route, thème
récurrent chez Harrison. Ces pas qui se suivent. Ces aventures qui forgent
l’homme et lui donne sa véritable teinte.
C’est cela cet été où la
mort devait immanquablement frapper de son sceau l’humanité à flanc de
montagne. Car quelle que soit la liberté à prendre, tous les chemins sont une
quête qui va de soi à soi. Au fil des pages, Jim Harrison montre à quel point
l’homme est pétri de grandeur, mais aussi
quelle est grande sa fragilité innée. Le secret d’une vie simple est de
savoir devenir qui l’on est, même dans la mort.
L’été où il faillit
mourir, Christian Bourgois.
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