Après un
passage très remarqué à la galerie Noir sur blanc de Marrakech, du 29 novembre
au 17 décembre 2012, le plasticien
Karim Marrakchi a exposé au Four
Season de Marrakech jusqu’au 20 janvier 2013.
« La chair est la raison pour laquelle on a
inventé la peinture », disait Willem De Kooning. Karim Marrakchi peut faire sienne une
telle assertion. Son travail sur la couleur (lui qui est architecte, donc
créateur d’espace) s’inspire de sa conception des formes.
Dans cette peinture donnée à voir à la Galerie Noir
sur blanc et au Four Season de
Marrakech, tous ces grands formats polychromes rendent compte d’une peinture
qui n’a pas d’autre référence que son existence elle-même.
Très vite
Karim Marrakchi a atteint une intensité telle, liée à une charge émotionnelle
expressive révélant une présence physique qui dépasse le cadre même de la toile
pour suggérer d’autres à côtés, liés à la genèse même des œuvres.
Peinture abstraite
Nous sommes
face à une peinture abstraite, mais qui garde en elle des remous figuratifs. Le
peintre n’abandonne d’aucune façon que ce soit la
retranscription plutôt réaliste du monde humain, mais son langage est décliné
en courbes de couleurs, en formes qui éclatent au-delà du cadre donné à
peindre.
De cette alchimie faite
d’oscillations avec le figuratif, naît une sorte de réappropriation et de
réinterprétation d’une expressivité en déflagrations. Toute cette peinture est
conçue, pensée, couchée sur le support dans un élan explosif.
Même quand le peintre
tente de laisser, pour un temps, ce foisonnement de bleu, de jaune, de rouge,
de vert, pour remettre en question sa propre peinture
dans une sobriété qui verse
dans le noir et le blanc, il y a
un impératif d’entrelacements des coloris et des nuances qui rend bien ce souci
primal de l’artiste à la recherche d’accointances au plus près de son geste.
Et donc de
son émotion. Karim Marrakchi fait éclater la ligne, tord le cou au parti pris, se
joue de la logique interne de la toile. Ce qui préside chez lui à l’acte de
peindre, c’est cette nécessité de rendre l’imaginaire au plus près de l’émotion.
Face à un tel souci, l’œuvre, même terminée, a ainsi un goût d’inachevé
que l’imaginaire du spectateur peut investir à sa façon.
Comme dans toute peinture
réfléchie, la dynamique se joue du côté de celui qui regarde. La peinture de
Karim Marrakchi, en volutes qui
s’entrechoquent, en lignes éparses qui se complètent en s’éliminant, fait de
celui qui reçoit l’oeuvre celui qui peut la nourrir de son propre élan
réceptif.
Peinture en mouvements qui
opère ses propres mutations à chaque fois que l’oeil se pose sur un détail.
C’est cela doter le cadran de l’art d’une réflexion sur le sens même de la « réalité
de l’artiste », très cher à Rothko.
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