vendredi 1 février 2013

Les éclatements chromatiques de Karim Marrakchi


Après un passage très remarqué à la galerie Noir sur blanc de Marrakech, du 29 novembre au 17  décembre 2012, le plasticien Karim Marrakchi a exposé au  Four Season de Marrakech jusqu’au 20 janvier 2013.



« La chair est la raison pour laquelle on a inventé la peinture », disait Willem De Kooning.  Karim Marrakchi peut faire sienne une telle assertion. Son travail sur la couleur (lui qui est architecte, donc créateur d’espace) s’inspire de sa conception des formes.

Dans cette peinture donnée à voir à la Galerie Noir sur blanc  et au Four Season de Marrakech, tous ces grands formats polychromes rendent compte d’une peinture qui n’a pas d’autre référence que son existence elle-même.

Très vite Karim Marrakchi a atteint une intensité telle, liée à une charge émotionnelle expressive révélant une présence physique qui dépasse le cadre même de la toile pour suggérer d’autres à côtés, liés à la genèse même des œuvres.

Peinture abstraite
Nous sommes face à une peinture abstraite, mais qui garde en elle des remous figuratifs. Le peintre n’abandonne d’aucune façon que ce soit la retranscription plutôt réaliste du monde humain, mais son langage est décliné en courbes de couleurs, en formes qui éclatent au-delà du cadre donné à peindre.  

De cette alchimie faite d’oscillations avec le figuratif, naît une sorte de réappropriation et de réinterprétation d’une expressivité en déflagrations. Toute cette peinture est conçue, pensée, couchée sur le support dans un élan explosif.

Même quand le peintre tente de laisser, pour un temps, ce foisonnement de bleu, de jaune, de rouge, de vert, pour remettre en question sa propre peinture dans  une sobriété qui verse dans  le noir et le blanc, il y a un impératif d’entrelacements des coloris et des nuances qui rend bien ce souci primal de l’artiste à la recherche d’accointances au plus près de son geste.

Et donc de son émotion. Karim Marrakchi fait éclater la ligne, tord le cou au parti pris, se joue de la logique interne de la toile. Ce qui préside chez lui à l’acte de peindre, c’est cette nécessité de rendre l’imaginaire au plus près de l’émotion. Face à un tel souci, l’œuvre, même terminée, a ainsi un goût d’inachevé que l’imaginaire du spectateur peut investir à sa façon.

Comme dans toute peinture réfléchie, la dynamique se joue du côté de celui qui regarde. La peinture de Karim Marrakchi, en volutes  qui s’entrechoquent, en lignes éparses qui se complètent en s’éliminant, fait de celui qui reçoit l’oeuvre celui qui peut la nourrir de son propre élan réceptif.

Peinture en mouvements qui opère ses propres mutations à chaque fois que l’oeil se pose sur un détail. C’est cela doter le cadran de l’art d’une réflexion sur le sens même de la « réalité de l’artiste », très cher à Rothko. 

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