samedi 2 février 2013

« Le sermon sur la chute de Rome »


Jérôme Ferrari reçoit le prix Goncourt 2012 pour Le Sermon sur la chute de Rome  publié chez Actes sud. Cet auteur de 44 ans,  signe un  livre ciselé, actuel et très humain.  

Jérôme Ferrari a le sens de la titraille. Ces romans ont tous des titres à forte consonance mystique. Un Dieu un animal, Où j’ai laissé mon âme, pour ne citer que ces deux livres, offrent  d’emblée des niveaux de lectures qui ne sont pas nécessairement ceux à quoi on s’attend.

L’effet surprise n’en est que plus grand. Mais le titre suit un concept, une idée originelle. Dans Le Sermon sur la chute de Rome, ce préambule en front de page résume la vie des personnages qui vont se découvrir, l’un après l’autre au fil des pages de  ce roman.

On le sait, il s’agit  du sermon prononcé par saint Augustin, en 410. Des paroles qui ont retenti dans la cathédrale disparue d'Hippone. Avec ce message que l’on a tous appris par cœur lors de nos lectures latines : « Le monde est comme un homme : il naît, il grandit, il meurt. »

Echiquier des jours

L’histoire aussi de ce roman.  Ces personnages également. C’est le même sort qui est réservé à tout ce qui est entrepris dans cette histoire. Les séquences de vie naissent. Elles grandissent. Elles finissent par mourir. Mais d’une naissance à l’autre, d’une mort annoncée à son attendu épilogue, Jérôme Ferrari place sur l’échiquier des jours des figures qui parcourent tout un pan de l’histoire.

Une histoire de famille que l’on suit d’une époque à une autre, sur plusieurs générations au XXème siècle. 1918, portrait en noir et blanc. La famille y est imprimée à vie. Non. Tout se disloque pour reprendre plus loin sous d’autres traits.

La figure de Marcel surgit alors comme un repère. Un indicateur. Enfant, mari, père, grand-père aux prises avec la vie dans ce qu’elle a de plus beau, de plus noir, de plus imprévisible. Puis d’autres vies, engendrées par la sienne, viennent supplanter  son parcours et offrir d’autres sinuosités au destin. Roman labyrinthique.

Saga en pointillée, avec des creux, des blancs à combler, le tout servi par une écriture profonde, nuancée, sans fioritures. Ce qui frappe dans ce livre, c’est cette fragilité du vécu. Souvenirs, mémoires éparses, ce qui reste de la vie, ce sont justement ces instants où elle se dérobe. Nous sommes face à des mondes en construction, mais une fois proches de l’achèvement, ils se déconstruisent dans une jubilation de l’écriture.

Editions Actes Sud.   


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