Jérôme
Ferrari reçoit le prix Goncourt 2012 pour Le Sermon sur la chute de Rome publié chez Actes sud. Cet auteur de 44
ans, signe un livre ciselé, actuel et très humain.
Jérôme Ferrari a
le sens de la titraille. Ces romans ont tous des titres à forte consonance
mystique. Un Dieu un animal, Où j’ai laissé mon âme, pour ne citer que ces deux
livres, offrent d’emblée des
niveaux de lectures qui ne sont pas nécessairement ceux à quoi on s’attend.
L’effet surprise
n’en est que plus grand. Mais le titre suit un concept, une idée originelle.
Dans Le Sermon sur la chute de Rome, ce préambule en front de page résume la
vie des personnages qui vont se découvrir, l’un après l’autre au fil des pages
de ce roman.
On le sait, il
s’agit du sermon
prononcé par saint Augustin, en 410. Des paroles qui ont retenti dans la
cathédrale disparue d'Hippone. Avec ce message que l’on a tous appris par cœur
lors de nos lectures latines : «
Le monde est comme un homme : il naît, il grandit, il meurt. »
Echiquier des jours
L’histoire aussi
de ce roman. Ces personnages
également. C’est le même sort qui est réservé à tout ce qui est entrepris dans
cette histoire. Les séquences de vie naissent. Elles grandissent. Elles
finissent par mourir. Mais d’une naissance à l’autre, d’une mort annoncée à son
attendu épilogue, Jérôme Ferrari place sur l’échiquier des jours des figures
qui parcourent tout un pan de l’histoire.
Une histoire de
famille que l’on suit d’une époque à une autre, sur plusieurs générations au
XXème siècle. 1918, portrait en noir et blanc. La famille y est imprimée à vie.
Non. Tout se disloque pour reprendre plus loin sous d’autres traits.
La figure de
Marcel surgit alors comme un repère. Un indicateur. Enfant, mari, père,
grand-père aux prises avec la vie dans ce qu’elle a de plus beau, de plus noir,
de plus imprévisible. Puis d’autres vies, engendrées par la sienne, viennent
supplanter son parcours et offrir
d’autres sinuosités au destin. Roman labyrinthique.
Saga en
pointillée, avec des creux, des blancs à combler, le tout servi par une
écriture profonde, nuancée, sans fioritures. Ce qui frappe dans ce livre, c’est
cette fragilité du vécu. Souvenirs, mémoires éparses, ce qui reste de la vie,
ce sont justement ces instants où elle se dérobe. Nous sommes face à des mondes
en construction, mais une fois proches de l’achèvement, ils se déconstruisent
dans une jubilation de l’écriture.
Editions Actes
Sud.
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