Les plasticiens marocains voient leurs cotes grimper non seulement au
Maroc mais aussi à l’étranger. Entre ventes aux enchères, collections privées
et acquisitions par des musées, les peintres marocains ont le vent en poupe.
Tant mieux.
Il est connu
dans les milieux artistiques, surtout les Arts plastiques, qu’il n’appartient
pas aux peintres de fixer leur propre cote. Pourtant, c’est ce qui se fait au
Maroc. Débutant ou artiste
confirmé, plasticien amateur ou talent pur, chacun y va de son prix. À vu d’oeil,
à l’estimation, selon les fluctuation d’une bourse d’art dont les peintres et
les galeristes sont les deux piliers essentiels. Quand on parcourt les annales
de la peinture marocaine actuelle, on constate que c’est à coup sûr la seule
expression artistique fleurissante. La peinture connaît certes la crise, mais
elle permet surtout des placements sûrs, justement pour juguler des périodes de
vache maigre. Avec des centaines de peintres qui se partagent le marché local,
il y a dans le tas, une quinzaine de peintres de bonne facture. Une poignée de
grands créateurs, et le reste voguent sur la vague du succès offert par la mode
des collections, le boom des galeries d’art qui ouvrent un peu partout dans le
pays. Dans cet engouement pour l’art, l’argent dicte les lois du marché. Il
faut bien vivre. Artistes et galeristes semblent être d’accord pour faire du
paysage des Arts plastiques marocains, une valeur marchande sûre.
Valeurs sûres
Aujourd’hui, un
tableau d’un grand nom peut être vendu
à plus de 800 000 dhs.
Certains milieux très fermés parlent de toiles acquises à plus d’1 million de
dhs. Quoi qu’il en soit, si des peintres comme Jilali Gherbaoui et Ahmed
Cherkaoui, deux immenses artistes n’ont pas profité de leurs créations,
aujourd’hui, ils ont une cote infaillible. On le sait, Ahmed Cherkaoui n’a pas
beaucoup peint. Ce qui explique la rareté de ses œuvres que les collectionneurs
s’arrachent. La cote varie entre
150 000 et 400 000 DH. Mais les toiles sont pratiquement introuvables. Une
ventre privée d’un grand format d’Ahmed Cherkaoui a enregistré le record avec 4
millions dhs. Jilali Gherbaoui,
qui a peint à profusion et qui est mort, pauvre à Paris, se vend très bien. C’est le peintre de
prestige qu’il faut avoir dans sa collection. Particuliers, hommes d’affaires
institutions financières, tout le monde veut son Gherbaoui. Il faut compter 80
000 DH le petit format, 300 000 DH, le format moyen. Mais l’une de ses œuvres a
été vendue à 2 millions dhs. Pour un immense peintre comme le défunt
Mohamed Kacimi, des formats dépassant les 2 mètrent ont franchi les 3
millions dhs. Pour Aziz Daki,
critique d’art et co-fondateur de la Galerie 21 de Casablanca, «Mohamed Kacimi est appelé à franchir
d’autres seuils tant la qualité de son travail est indiscutable ». Dans le
même sillage, on peut citer un autre grand peintre Miloud Lebied, qui a aussi
dépassé largement le million de dhs.
Mais il n’y a pas que les artistes défunts qui
marchent. Des vivants ont pu atteindre des sommets. L’exemple le plus récent de
Mohamed Melehi (voir encadré) est significatif à cet égard. Les 62
500 dollars pour une toile vendue à Dubai attestent de la bonne santé du
peintre et des Arts plastiques marocains. Une autre peinture
de Saad Ben Cheffaj, a été adjugée à 50 000 euros chez Christie’s, en juin 2012
à Paris. Pour ce grand nom de la
peinture marocaine, né à Tétouan en 1939 et qui expose depuis plus de 50 ans,
c’est une excellente nouvelle tant son travail est d’une extrêmes précision et
d’une profondeur certaine.
Peintres
contemporains
C’est le cas
aussi de Hassan El Glaoui, un des pionniers connu pour ses scènes de fantasia
et de cavaliers. Il ya à peine
quelques années, sa cote était aux alentours des 50 000 dhs. Aujourd’hui, l’une de ses toiles a été vendue
à 400 000 dhs. Mais la valeur fixe de l’artiste ne descend plus à moins de 100
000 DH. Pour des noms aussi forts
que El Glaoui, quand on franchit un cap en termes de cote, il est presque
impossible de voir sa courbe fléchir. C’est le cas d’autres noms très connus et
qui font du très bon travail. On peut citer, entre autres, André El Baz qui va
de 150 000 à 300 000 dhs, Fqih Regraguin de 30 000 à 250 000 dhs, Farid
Belkahia qui vend à 50 000 DH, certaines de ses fresques sont estimées à plus
de 500 000 dhs. Tout comme Mahi Binebine, peintre prolifique est très aimé dans
les milieux d’art, qui, lui,
fluctue, entre 50 000 et 150 000 DH.
Pour de très grandes dimensions, certains avancent le chiffre d’1 million dhs. Quant à Mehdi Qotbi,
pour des commandes spéciales, son travail atteint en moyenne 300 000 DH.
Reste certains
peintres maudits, comme Abass Saladi. Un artiste illuminé, un talent hors
normes, qui se vendait il y a quelques années, après sa mort, à 10 000 DH. Pour
avoir une simple aquarelle de Saladi aujourd’hui, il faut débourser 80 000 DH. D’autres peintres d’Essaouira,
découverts sur le tard, ont eu pratiquement la même courbe. Ahmed Krifla,
découvert sur le tard, par hasard, vendait au meilleur des cas à 6 000 DH. En
l’espace de quelques mois, sa cote a dépassé les 70 000 DH. Du côté de ceux qu’
l’on appelle les peintres naïfs, c’est Mohamed Ben Allal, le peintre marrakchi,
qui tient le haut du pavé. Une de
ses œuvres a été vendue à 855 000 dhs. Pour Ahmed Louardiri, décédé en 1974, les
prix varient entre 100 000 à 400 000 dhs. Tout comme Chaâbia Talal dont les
œuvres tournent autour de 200 000dhs, ou encore Fatéma Hassan Ferrouj, trsè à
la mode, négociée aujourd’hui à
plus de 150 000 DH.
Coté peintres
contemporains, les noms de Younes Rahmoun, Mohamed Elbaz, Mounir El Fatmi sont les plus cités. Sans oublier le
jeune prodige Zakaria Ramhani, qui a une grande cote à l’international soit à
Dubaï ou à New York. Une de ses œuvres a été vendue à 22 500 dollars chez
Christie’s le 18 avril 2013.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire