mercredi 8 mai 2013

Les peintres marocains tiennent la cote: 4 millions dhs pour Cherkaoui


Les plasticiens marocains voient leurs cotes grimper non seulement au Maroc mais aussi à l’étranger. Entre ventes aux enchères, collections privées et acquisitions par des musées, les peintres marocains ont le vent en poupe. Tant mieux.




Il est connu dans les milieux artistiques, surtout les Arts plastiques, qu’il n’appartient pas aux peintres de fixer leur propre cote. Pourtant, c’est ce qui se fait au Maroc.  Débutant ou artiste confirmé, plasticien amateur ou talent pur, chacun y va de son prix. À vu d’oeil, à l’estimation, selon les fluctuation d’une bourse d’art dont les peintres et les galeristes sont les deux piliers essentiels. Quand on parcourt les annales de la peinture marocaine actuelle, on constate que c’est à coup sûr la seule expression artistique fleurissante. La peinture connaît certes la crise, mais elle permet surtout des placements sûrs, justement pour juguler des périodes de vache maigre. Avec des centaines de peintres qui se partagent le marché local, il y a dans le tas, une quinzaine de peintres de bonne facture. Une poignée de grands créateurs, et le reste voguent sur la vague du succès offert par la mode des collections, le boom des galeries d’art qui ouvrent un peu partout dans le pays. Dans cet engouement pour l’art, l’argent dicte les lois du marché. Il faut bien vivre. Artistes et galeristes semblent être d’accord pour faire du paysage des Arts plastiques marocains, une valeur marchande sûre.

Valeurs sûres
Aujourd’hui, un tableau d’un grand nom peut être vendu  à plus  de 800 000 dhs. Certains milieux très fermés parlent de toiles acquises à plus d’1 million de dhs. Quoi qu’il en soit, si des peintres comme Jilali Gherbaoui et Ahmed Cherkaoui, deux immenses artistes n’ont pas profité de leurs créations, aujourd’hui, ils ont une cote infaillible. On le sait, Ahmed Cherkaoui n’a pas beaucoup peint. Ce qui explique la rareté de ses œuvres que les collectionneurs s’arrachent.  La cote varie entre 150 000 et 400 000 DH. Mais les toiles sont pratiquement introuvables. Une ventre privée d’un grand format d’Ahmed Cherkaoui a enregistré le record avec 4 millions dhs.  Jilali Gherbaoui, qui a peint à profusion et qui est mort, pauvre à Paris,  se vend très bien. C’est le peintre de prestige qu’il faut avoir dans sa collection. Particuliers, hommes d’affaires institutions financières, tout le monde veut son Gherbaoui. Il faut compter 80 000 DH le petit format, 300 000 DH, le format moyen. Mais l’une de ses œuvres a été vendue à 2 millions dhs.  Pour un immense peintre comme le défunt Mohamed Kacimi, des formats dépassant les 2 mètrent ont franchi les 3 millions  dhs. Pour Aziz Daki, critique d’art et co-fondateur de la Galerie 21 de Casablanca,  «Mohamed Kacimi est appelé à franchir d’autres seuils tant la qualité de son travail est indiscutable ». Dans le même sillage, on peut citer un autre grand peintre Miloud Lebied, qui a aussi dépassé largement le million de dhs.
Mais il n’y a pas que les artistes défunts qui marchent. Des vivants ont pu atteindre des sommets. L’exemple le plus récent de Mohamed Melehi (voir encadré) est significatif à cet égard. Les 62 500 dollars pour une toile vendue à Dubai attestent de la bonne santé du peintre et des Arts plastiques marocains. Une autre peinture de Saad Ben Cheffaj, a été adjugée à 50 000 euros chez Christie’s, en juin 2012 à Paris.  Pour ce grand nom de la peinture marocaine, né à Tétouan en 1939 et qui expose depuis plus de 50 ans, c’est une excellente nouvelle tant son travail est d’une extrêmes précision et d’une profondeur certaine.  
Peintres contemporains
C’est le cas aussi de Hassan El Glaoui, un des pionniers connu pour ses scènes de fantasia et de cavaliers.  Il ya à peine quelques années, sa cote était aux alentours des  50 000 dhs.  Aujourd’hui, l’une de ses toiles a été vendue à 400 000 dhs. Mais la valeur fixe de l’artiste ne descend plus à moins de 100 000 DH.  Pour des noms aussi forts que El Glaoui, quand on franchit un cap en termes de cote, il est presque impossible de voir sa courbe fléchir. C’est le cas d’autres noms très connus et qui font du très bon travail. On peut citer, entre autres, André El Baz qui va de 150 000 à 300 000 dhs, Fqih Regraguin de 30 000 à 250 000 dhs, Farid Belkahia qui vend à 50 000 DH, certaines de ses fresques sont estimées à plus de 500 000 dhs. Tout comme Mahi Binebine, peintre prolifique est très aimé dans les milieux d’art,  qui, lui, fluctue, entre 50 000 et 150 000 DH.  Pour de très grandes dimensions, certains avancent le chiffre  d’1 million dhs. Quant à Mehdi Qotbi, pour des commandes spéciales, son travail atteint en moyenne 300 000 DH.

Reste certains peintres maudits, comme Abass Saladi. Un artiste illuminé, un talent hors normes, qui se vendait il y a quelques années, après sa mort, à 10 000 DH. Pour avoir une simple aquarelle de Saladi aujourd’hui,  il faut débourser 80 000 DH. D’autres peintres d’Essaouira, découverts sur le tard, ont eu pratiquement la même courbe. Ahmed Krifla, découvert sur le tard, par hasard, vendait au meilleur des cas à 6 000 DH. En l’espace de quelques mois, sa cote a dépassé les 70 000 DH. Du côté de ceux qu’ l’on appelle les peintres naïfs, c’est Mohamed Ben Allal, le peintre marrakchi, qui tient le haut du pavé.  Une de ses œuvres a été vendue à 855 000 dhs. Pour Ahmed Louardiri, décédé en 1974, les prix varient entre 100 000 à 400 000 dhs. Tout comme Chaâbia Talal dont les œuvres tournent autour de 200 000dhs, ou encore Fatéma Hassan Ferrouj, trsè à la mode, négociée aujourd’hui à  plus de 150 000 DH.
Coté peintres contemporains, les noms de Younes Rahmoun, Mohamed Elbaz, Mounir El Fatmi  sont les plus cités. Sans oublier le jeune prodige Zakaria Ramhani, qui a une grande cote à l’international soit à Dubaï ou à New York. Une de ses œuvres a été vendue à 22 500 dollars chez Christie’s le 18 avril 2013. 

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