Il
a le mérite de ne laisser personne indifférent. Hamid Chabat, venu de nulle
part, a fait du chemin et secoue
aujourd’hui les assises fragiles du gouvernement de Abdelilah Benkirane avec sa décision de se retirer avec
son parti de la majorité. Quand on se penche sur le parcours atypique de cet
homme, on comprend son caractère fonceur. Cette folie calculée qui rue dans les
brancards est coutumière du bonhomme qui s’est tracé une voie et compte bien aller
jusqu’au bout. Il est loin le temps où ce natif de Taza en 1953, vivait au jour
le jour. A 60 ans, des bas et des hauts, celui qui était syndicaliste de bonne
heure, sait que la partie doit se jouer avec lui. Et il a pesé de tout son
poids sur les pions pour faire bouger l’échiquier politique marocain. Et ce
n’est pas la pression qui peut lui faire changer d’avis. Loin de là. On s’en
souvient en 1990, Hamid Chabat est sorti de l’ombre lors des grandes émeutes de
Fès. C’est là qu’il s’est fait les dents pour finir par déboulonner Abderrazak
Afilal de son siège de secrétaire général de l’Union générale des travailleurs
du Maroc (UGTM) lors d’un putsch bien orchestré, le 21 janvier 2009. Il devient
parlementaire en 1997. Il sera à chaque fois réélu depuis. Député de Fès, Hamid Chabat montre
alors les crocs signifiant à ses détracteurs qu’il était là pour durer. Lors
des communales de 2003, il est élu maire de la capitale spirituelle du royaume.
C’est la voie royale qui s’ouvre devant le syndicaliste qui n’a rien perdu de sa hargne et de son sens
tactique. En 2007, il dame le pion
lors des législatives à Lahcen Daoudi, l’un des ténors du PJD. Son acharnement
dégoute ses rivaux politiques qui le voient se faire réélire à la tête de la
mairie de Fès en 2009, puis en 2011 pour les législatives en tant que député de
Fès-Nord. Il ne lui restait que la tête du parti de l’Istiqlal dont il est
membre depuis de très longues années. Le 23 septembre 2012, il réussit sa prise
du pouvoir et accule tous les caciques du parti au second rang. Désormais
secrétaire général du PI, Chabat, a les coudées franches pour faire chanter la
classe politique et lui faire entendre que désormais c’est avec lui qu’il faut
compter.
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