mercredi 8 mai 2013

Les arbres voyagent la nuit d’Aude le Corff: Voyage inattendu au Maroc


Aude Le Corff signe un roman subtil sur une  histoire d’amour entre un professeur et une jeune lectrice. Sur fond d’un voyage initiatique, c’est une découverte de soi à travers l’autre. Passionnant.




C’est un premier roman. Aude le Corff n’a que 36 ans, et elle a décidé de faire de l’écriture sa vie. Un choix judicieux parce que le roman que nous avons entre les mains mérite franchement que l’on laisse tout tomber pour lui donner vie. Aude le Corff crée des personnages comme vous et moi, mais elle leur insuffle cette poésie qui manque cruellement aujourd’hui au monde froid où l’on vit. C’est l’histoire de Manon, une jeune fille dont la mère est morte. Son père sombre chaque jour davantage dans la dépression. Aude le Corff lui a crée aussi un arbre pour lui tenir place d’assise, de pilier, d’enracinement. « Manon se raccroche à ses chats et son bouleau au début du roman, à ses rituels, pour compenser l’absence de la mère.  Elle aurait aimé que son arbre l’accompagne pendant le voyage. Son imagination fait le reste. C’est aussi une métaphore de ce qui voyage en nous, notre face cachée, nos fragilités, nos secrets, ce qu’on refoule. » explique l’auteure.   La vie coule plus ou moins sans accrocs jusqu’au jour où apparait un professeur de français à la retraite, qui se voit pris dans la vie de la jeune Manon, malgré lui. Tout en elle attire son attention. Il veut découvrir qui elle est, quelles sont ses attentes, quels sont ses rêves et que veut-elle faire de sa vie.

Voyage initiatique
Manon a des rites sacrés. A chaque sortie de classe, le soir, elle prend le chemin du jardin. C’est là qu’elle trouve refuge. C’est là qu’elle crée son univers, avec ses songes secrets, ses personnages connus d’elle seule, ses aspirations pour des jours heureux en perspective. On l’accompagne dans on partage avec son arbre aimé. Elle est là, assise sous son  bouleau, loin du monde, loin des autres, loin du père, au plus près de sa mère. Elle entame des conversations avec les insectes. On croirait même qu’elle donne  voix aux fourmis tant son échange est sincère, vrai, réel. L’autre rite majeur demeure les livres.   Elle lit et peuple son entourage d’autres visages puisés  entre les lignes. Elle lit et  voyage. Et c’est là que le professeur Anatole vient faire son entrée dans cet univers ouvert sur d’autres dimensions. Le Petit Prince fait office de présentation entre les deux personnages. Ils partagent leurs secrets, leurs espoirs, leurs volontés d’aller ailleurs. Manon devient alors le centre de vie d’Anatole.   Sa vie, on le pressentait change. Et à travers Manon, il rencontre d’autres vies, celle de Sophie, une femme à part, difficile d’entame, mais qui cache une grande sensibilité. Il fait aussi la connaissance et Pierre, le père de la fillette. Ensemble, ils décident de partir pour le Maroc.  Roman simple, humain,  Les arbres voyages la nuit est une des belles surprises de cette année littéraire.

Editions Stock.

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