Aude Le Corff signe un roman subtil sur une histoire d’amour entre un professeur et
une jeune lectrice. Sur fond d’un voyage initiatique, c’est une découverte de
soi à travers l’autre. Passionnant.
C’est
un premier roman. Aude le Corff n’a que 36 ans, et elle a décidé de faire de
l’écriture sa vie. Un choix judicieux parce que le roman que nous avons entre
les mains mérite franchement que l’on laisse tout tomber pour lui donner vie. Aude
le Corff crée des personnages comme vous et moi, mais elle leur insuffle cette
poésie qui manque cruellement aujourd’hui au monde froid où l’on vit. C’est
l’histoire de Manon, une jeune fille dont la mère est morte. Son père sombre
chaque jour davantage dans la dépression. Aude le Corff lui a crée aussi un
arbre pour lui tenir place d’assise, de pilier, d’enracinement. « Manon se raccroche à ses chats et son bouleau au début du roman, à
ses rituels, pour compenser l’absence de la mère. Elle aurait aimé que
son arbre l’accompagne pendant le voyage. Son imagination fait le reste. C’est
aussi une métaphore de ce qui voyage en nous, notre face cachée, nos
fragilités, nos secrets, ce qu’on refoule. » explique l’auteure. La vie coule plus ou moins sans accrocs
jusqu’au jour où apparait un professeur de français à la retraite, qui se voit
pris dans la vie de la jeune Manon, malgré lui. Tout en elle attire son
attention. Il veut découvrir qui elle est, quelles sont ses attentes, quels
sont ses rêves et que veut-elle faire de sa vie.
Voyage initiatique
Manon
a des rites sacrés. A chaque sortie de classe, le soir, elle prend le chemin du
jardin. C’est là qu’elle trouve refuge. C’est là qu’elle crée son univers, avec
ses songes secrets, ses personnages connus d’elle seule, ses aspirations pour
des jours heureux en perspective. On l’accompagne dans on partage avec son
arbre aimé. Elle est là, assise sous son bouleau, loin du monde, loin des autres, loin du père, au
plus près de sa mère. Elle entame des conversations avec les insectes. On
croirait même qu’elle donne voix aux
fourmis tant son échange est sincère, vrai, réel. L’autre rite majeur demeure
les livres. Elle lit et peuple son entourage
d’autres visages puisés entre les
lignes. Elle lit et voyage. Et
c’est là que le professeur Anatole vient faire son entrée dans cet univers
ouvert sur d’autres dimensions. Le Petit Prince fait office de présentation
entre les deux personnages. Ils partagent leurs secrets, leurs espoirs, leurs
volontés d’aller ailleurs. Manon devient alors le centre de vie d’Anatole.
Sa vie, on le pressentait change. Et à travers Manon, il rencontre d’autres
vies, celle de Sophie, une femme à part, difficile d’entame, mais qui cache une
grande sensibilité. Il fait aussi la connaissance et Pierre, le père de la
fillette. Ensemble, ils décident de partir pour le Maroc. Roman simple, humain, Les arbres voyages la nuit est une des
belles surprises de cette année littéraire.
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