vendredi 17 mai 2013

« Gatsby le magnifique » de Baz Luhrmann: Fitzgerald en apothéose


Le film a fait l’ouverture du festival de Cannes 2013, le 15 mai. Il sort en salles au Maroc le 17 mai 2013. L’adaptation du roman de F. Scott Fitzgerald avec Leonardo Di Caprio semble séduire la critique.




Le rôle est fait sur mesure pour un acteur de talent comme Leonardo Di Caprio. Il a la carrure de porter un projet aussi ambitieux. Il a la gueule de l’emploi pour jouer le nabab séducteur tel qu’il a été couché sur papier par F. Scott Fitzgerald. Et surtout il fallait un digne successeur à Robert Redford qui avait incarné le personnage avec brio en 1973 sous la direction de Jack Clayton. Mais surtout, il faut un acteur qui ait le souffle long pour tenir la cadence chez Baz Luhrmann, très habitué aux mises en scène haut en couleurs, surmontées de trouvailles géniales. C’est à ce réalisateur australien que l’on doit un certain Moulin Rouge, entre autres films à succès.
Bling bling
Ici, avec Luhrmann, il faut s’attendre à une version olé, olé. Certes le côté bling bling est mis en avant, mais dans le film, le travail sur l’écriture est solide. On ne s’attaque pas à un classique de la littérature moderne avec légèreté pour montrer de beaux costumes, des pas de danses, des bals costumées, des parties de jambes en l’air et quelques situations cocasses. Ce n’est pas non plus le fait d’entendre des morceaux de Lan Del Rey ou de Beyoncé, qui fait de cet opus, un produit hollywoodesque sans profondeur. Loin de là. Ce Gatsby se veut sérieux. Di Caprio y incarne un homme tragique. Certes qui a la gloire, le fric, les femmes, mais dont la solitude est immense.
Tout est axé sur l’homme, l’amour, la vacuité de la vie. Le livre déjà était un hymne existentiel où l’absurdité de la vie laissait transparaître tant de douleurs et de souffrances. Il faut gratter sous le vernis pour voir de quoi sont faites les âmes. Si l’on s’arrête aux façades, ce Gatsby est un dandy décadent qui ne sait pas quoi faire de son temps, toutes ces longues heures vides, ce fatras de pique-assiettes qui mangent à tous les râteliers et vous tournent le flanc au premier signe de fatigue budgétaire. Baz Luhrmann sans faire un film qui restera dans les annales comme le Gatsby révolutionnaire réussit à s’inscrire dans une adaptation post-classique où il puise dans les années fastes du cinéma américain pour donner une version époustouflante sur le plan des formes. Costumes, décors, éclairages, bande son, montage, chorégraphies, mais il utilise surtout le jeu de ses acteurs pour que le film marque. Autour de Di Caprio, il y a le génial Tobey Maguire  et Carey Mulligan une actrice à fleur de peau qui imprime une telle douceur et une sensibilité accrue à toutes les cènes. C’est de ce trio que nait la tragédie moderne. L’histoire de ce trio magique est un drame à peine déguisé. C’est ce va-et-vient entre joie feinte, manifestations mondaines de surface et monologues intérieurs tant de fois ajournées et qui finissent par revenir hanter les personnages qui octroie à cette vision de Gatsby le magnifique e est une teinte humaine, qui se situe au-delà des apparences.
L’autre désir de Baz Luhrmann est de rendre au cinéma une certaine note de magie qui se perd de plus en plus. C’est de l’Entertainment pur, du spectacle grandiose, un moment de créativité folle où les images font à la  fois rêver et réfléchir. C’est ce pari qui rend ce Gatsby beau à voir. Sans oublier la force pure d’un acteur qui joue en retenue, sans trop en faire, qui n’est pas écrasé par le personnage  combien trop grand pour qu’on l’incarne sans s’y mêler les pinceaux. Di Caprio porte le film sur ses épaules et s’en sort avec une prestation digne de son rang d’acteur complet.

Réalisé par Baz Luhrmann. Avec Leonardo Di Caprio, Tobey Maguire et Carey Mulligan.

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