Appauvris, colonisées, meurtris par des
guerres interminables, les Africains dont l’unique richesse et le seul garant
d’un avenir certain, reste la nature, se lancent dans un dernier baroud
d’honneur pour en finir avec le futur. Ce premier Mai 2013, marque la fin des
Rhinocéros en Mozambique. En effet, certains braconniers, qui ont été aidés par des
garde-chasses, ont abattu les derniers rhinocéros qui vivaient dans la partie
mozambicaine du parc du Grand Limpopo. Dans sa partie située au Mozambique, ce
parc, très connu, abritait pas moins de 300 rhinocéros en 2002, quand il a été
créé. Mais ceci c’est de l’Histoire ancienne aujourd’hui, les 15 derniers
rhinocéros qui y vivaient ont été massacrées. L’appât du gain, l’argent, le
trafic… quoi qu’il en soit, le dernier rhinocéros du Mozambique a tiré sa révérence, sacrifié sur
l’autel de la cupidité des hommes.
Mais il n’y a pas que les rhinocéros dont
on a tué 180 en l’espace de 4 mois, malgré toutes les campagnes de préservation
et de contrôle. Presque toute la
faune africaine est touchée. Lions, léopards, guépards, éléphants, espèces
fragiles d’oiseaux, rien n’échappe aux balles des braconniers. A ce rythme, en
Afrique, dans 50 ans, la faune sauvage, ce que l’on voit aujourd’hui dans le
Serengeti, l’Okavango et le long de la vallée du Grand Rift, sera un décor de
cinéma appartenant au passé. Mêmes les hordes de Gnous et de zèbres ne seront
plus là, puisque les prédateurs auront tous disparus et l’équilibre fragile de
cet écosystème détruit… par les hommes.
Je les vois d’ici ceux qui disent déjà
« mais, en quoi cela nous concerne-t-il ? » » Il ne faut
pas se leurrer, cela nous a déjà touché. Nous, les Marocains, qui n’avons
presque plus de faune sauvage, exceptés quelques singes et quelques oiseaux, en
voix d’extinction. Pire. Avant que
les animaux sauvages soient
menacés de disparition, c’est d’abord leur habitat naturel que l’on
détruit. Ce qui veut dire que chez nous, les forets ont payé le prix fort aux
folies du bois. Ce qui fragilise les sols, ce qui frappe de plein fouet les
nappes phréatiques ; ce qui donne le champ libre au désert de venir
achever son travail de sape, dans un pays où 93 pour cent des terres sont
considérés comme désertiques. Voilà en quoi la fin des rhinocéros du Mozambique
me touche et me fait peur. C’est-à-dire que du vivant de nos enfants, la terre
ne ressemblera plus à la terre. Ce n’est plus de la science-fiction, c’est du
réel. C’est ici et maintenant.
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