jeudi 23 mai 2013

Chasseurs noirs, cœurs noirs


Appauvris, colonisées, meurtris par des guerres interminables, les Africains dont l’unique richesse et le seul garant d’un avenir certain, reste la nature, se lancent dans un dernier baroud d’honneur pour en finir avec le futur. Ce premier Mai 2013, marque la fin des Rhinocéros en Mozambique. En effet, certains braconniers, qui ont été aidés par des garde-chasses, ont abattu les derniers rhinocéros qui vivaient dans la partie mozambicaine du parc du Grand Limpopo. Dans sa partie située au Mozambique, ce parc, très connu, abritait pas moins de 300 rhinocéros en 2002, quand il a été créé. Mais ceci c’est de l’Histoire ancienne aujourd’hui, les 15 derniers rhinocéros qui y vivaient ont été massacrées. L’appât du gain, l’argent, le trafic… quoi qu’il en soit, le dernier rhinocéros du Mozambique  a tiré sa révérence, sacrifié sur l’autel de la cupidité des hommes.
Mais il n’y a pas que les rhinocéros dont on a tué 180 en l’espace de 4 mois, malgré toutes les campagnes de préservation et de contrôle.  Presque toute la faune africaine est touchée. Lions, léopards, guépards, éléphants, espèces fragiles d’oiseaux, rien n’échappe aux balles des braconniers. A ce rythme, en Afrique, dans 50 ans, la faune sauvage, ce que l’on voit aujourd’hui dans le Serengeti, l’Okavango et le long de la vallée du Grand Rift, sera un décor de cinéma appartenant au passé. Mêmes les hordes de Gnous et de zèbres ne seront plus là, puisque les prédateurs auront tous disparus et l’équilibre fragile de cet écosystème détruit… par les hommes.
Je les vois d’ici ceux qui disent déjà « mais, en quoi cela nous concerne-t-il ? » » Il ne faut pas se leurrer, cela nous a déjà touché. Nous, les Marocains, qui n’avons presque plus de faune sauvage, exceptés quelques singes et quelques oiseaux, en voix d’extinction.  Pire. Avant que les animaux sauvages soient  menacés de disparition, c’est d’abord leur habitat naturel que l’on détruit. Ce qui veut dire que chez nous, les forets ont payé le prix fort aux folies du bois. Ce qui fragilise les sols, ce qui frappe de plein fouet les nappes phréatiques ; ce qui donne le champ libre au désert de venir achever son travail de sape, dans un pays où 93 pour cent des terres sont considérés comme désertiques. Voilà en quoi la fin des rhinocéros du Mozambique me touche et me fait peur. C’est-à-dire que du vivant de nos enfants, la terre ne ressemblera plus à la terre. Ce n’est plus de la science-fiction, c’est du réel. C’est ici et maintenant.

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