L’auteur de La liqueur d’aloès, Jocelyne Laâbi, signe un roman
solide sur fond d’histoire arabe, au temps des Abbassides. Juste et actuel.
Nous sommes au IXe siècle. C’est le règne de la dynastie abbasside.
Malgré la tyrannie, un mouvement
de contestation sociale, politique et religieuse arrive à voir le jour. Il
finit même par fonder un Etat aux principes égalitaristes. Les hommes et les femmes
deviennent égaux. Bine sûr l’ordre politique et idéologique établi, estime que
toute pensée qui ne se plie aux exigences
des idées dominantes est considérée comme hérétique. Alors l'islam
orthodoxe a cherché à faire disparaître toute empreinte de cette mouvance
unique dans les annales de l’islam. Mais les idées ont la vie coriace et ne
meurent presque jamais. De nombreux intellectuels arabes engagés ont continué à
se nourrir de cet héritage fort en symboles. Voici en gros ce qui défile en
filigrane dans ce roman. Le lecteur ne peut s’empêcher de faire le va-et-vient entre le passé
abbasside et les réalités arabes d’aujourd’hui sur fond de crises politiques,
de bouleversements avortés, de chutes de régimes et autres déchéances morales
et idéologiques. On ne peut non plus, occulter cette pauvreté des régimes
islamistes qui ont fleuri sur le dos des révolutions des jeunes n’ayant aucun
projet de société ni aucune initiative politique série use. En dehors de la
littérature obtuse et rétrograde, l’orthodoxie d’aujourd’hui reprend les
rituels de celle d’hier dans un jeu à peine déguisé. Jocelyne Lâabi livre un
regard sans concession sur un
monde fermé, sans horizon, évoluant dans un cercle vicieux entre hier et
aujourd’hui, sans promesse de lendemain.
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