mercredi 15 mai 2013

« Hérétiques » de Jocelyne Laâbi


L’auteur de La liqueur d’aloès, Jocelyne Laâbi, signe un roman solide sur fond d’histoire arabe, au temps des Abbassides. Juste et actuel.



Nous sommes au IXe siècle.  C’est le règne de la dynastie abbasside. Malgré la tyrannie,  un mouvement de contestation sociale, politique et religieuse arrive à voir le jour. Il finit même par fonder un Etat aux principes égalitaristes. Les hommes et les femmes deviennent égaux. Bine sûr l’ordre politique et idéologique établi, estime que toute pensée qui ne se plie aux exigences  des idées dominantes est considérée comme hérétique. Alors l'islam orthodoxe a cherché à faire disparaître toute empreinte de cette mouvance unique dans les annales de l’islam. Mais les idées ont la vie coriace et ne meurent presque jamais. De nombreux intellectuels arabes engagés ont continué à se nourrir de cet héritage fort en symboles. Voici en gros ce qui défile en filigrane dans ce roman. Le lecteur ne peut s’empêcher de  faire le va-et-vient entre le passé abbasside et les réalités arabes d’aujourd’hui sur fond de crises politiques, de bouleversements avortés, de chutes de régimes et autres déchéances morales et idéologiques. On ne peut non plus, occulter cette pauvreté des régimes islamistes qui ont fleuri sur le dos des révolutions des jeunes n’ayant aucun projet de société ni aucune initiative politique série use. En dehors de la littérature obtuse et rétrograde, l’orthodoxie d’aujourd’hui reprend les rituels de celle d’hier dans un jeu à peine déguisé. Jocelyne Lâabi livre un regard sans  concession sur un monde fermé, sans horizon, évoluant dans un cercle vicieux entre hier et aujourd’hui, sans promesse de lendemain. 

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