mardi 21 mai 2013

Les confessions de l'Ombre de Pierre Boussel : Guerres des services à Tanger


Pierre Boussel, journaliste et chroniqueur sur MEDI 1 signe un thriller de bonne facture sur un agent secret en mission à Tanger. Un récit nerveux qui nous plonge dans les  méandres des services secrets.




Ce n’est pas un polar. Ce n’est pas un faux polar, non plus. Pas plus que ce n’est un thriller au sens strict du mot. C’est un roman d’immersion. A la fois réaliste et juste. Sans fioritures. Alors que dans ce type d’écrits, certains auteurs ont souvent tendance à trop en faire pour créer du suspense. Ici, dans Les confessions de l’ombre (qui fera un bon intitulé de film noir), l’évolution de la vie et de la mission de Bastien Hernandez se construit sur du concret. Cet agent dormant des services secrets français joue l’économiste dans une double vie bien orchestrée. Eclatent les événements du 11 septembre 2001 à New York. Sa vie change. S’enclenche un chassé-croisé avec la CIA, dans un Tanger sublimé par un récit précis, humain, drôle, au plus près de la vie. Un  Tanger où l’on est au contact des gens et des atmosphères multiples qui habitent ce détroit tant désiré et ô combien difficile d’accès.
Bastien Hernanadez doit surveiller une communauté évangéliste américaine qui officie dans la région. S’il a pour ordre de ne pas recourir à la violence, il est confronté à l’assassinat de deux enfants. Et quand les réseaux islamistes s’en mêlent, l’histoire prend d’autres allures. Au-delà de cette plongée en spéléologue dans les soubassements des services ; par delà la rivalité entre agents, les guerres de l’ombre pour des intérêts réels, Pierre Boussel peaufine en arrière fond l’un des portraits de Tanger le plus humanisé, le moins clinquant, le plus poétique. Défile une ville, avec ses secrets, sa faune nocturne, ses rêves brisés, son érotisme plat ou débridé, le tout mâtiné d’une connaissance sûre d’une ville qui vous accueille, vous tient et décide, au final, si un jour vous avez envie, de lui tourner le dos, de vous le faire payer cher.
Sur cette toile de fond, Pierre Boussel rend un récit tendu, nerveux, où l’on sent la tension monter. Mais, parallèlement, il a cette capacité, propre aux gens qui ont du vécu derrière eux et des heures de vol, pour faire couler son propos sans accrocs. Dans une langue simple, Les confessions de l’ombre se lit également comme un film en mots. Tout y est imagé, avec des personnages coupés au hachoir, sans la moindre caricature ou le moindre compromis à cette tendance couleur locale qui caractérisent certains auteurs qui ont visité, vécu ou juste connu, en surface, le Maroc. Pierre Boussel, lui, connaît le pays où il vit et travaille, et on le sent dans chaque passage.



Editions Kero. 

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