Pierre Boussel, journaliste et chroniqueur sur MEDI 1 signe
un thriller de bonne facture sur un agent secret en mission à Tanger. Un récit
nerveux qui nous plonge dans les
méandres des services secrets.
Ce
n’est pas un polar. Ce n’est pas un faux polar, non plus. Pas plus que ce n’est
un thriller au sens strict du mot. C’est un roman d’immersion. A la fois
réaliste et juste. Sans fioritures. Alors que dans ce type d’écrits, certains
auteurs ont souvent tendance à trop en faire pour créer du suspense. Ici, dans
Les confessions de l’ombre (qui fera un bon intitulé de film noir), l’évolution
de la vie et de la mission de Bastien Hernandez se construit sur du concret.
Cet agent dormant des services secrets français joue l’économiste dans une
double vie bien orchestrée. Eclatent les événements du 11 septembre 2001 à New
York. Sa vie change. S’enclenche un chassé-croisé avec la CIA, dans un Tanger sublimé
par un récit précis, humain, drôle, au plus près de la vie. Un Tanger où l’on est au contact des gens
et des atmosphères multiples qui habitent ce détroit tant désiré et ô combien
difficile d’accès.
Bastien
Hernanadez doit surveiller une communauté évangéliste américaine qui officie
dans la région. S’il a pour ordre de ne pas recourir à la violence, il est
confronté à l’assassinat de deux enfants. Et quand les réseaux islamistes s’en
mêlent, l’histoire prend d’autres allures. Au-delà de cette plongée en
spéléologue dans les soubassements des services ; par delà la rivalité
entre agents, les guerres de l’ombre pour des intérêts réels, Pierre Boussel
peaufine en arrière fond l’un des portraits de Tanger le plus humanisé, le
moins clinquant, le plus poétique. Défile une ville, avec ses secrets, sa faune
nocturne, ses rêves brisés, son érotisme plat ou débridé, le tout mâtiné d’une
connaissance sûre d’une ville qui vous accueille, vous tient et décide, au
final, si un jour vous avez envie, de lui tourner le dos, de vous le faire
payer cher.
Sur
cette toile de fond, Pierre Boussel rend un récit tendu, nerveux, où l’on sent
la tension monter. Mais, parallèlement, il a cette capacité, propre aux gens
qui ont du vécu derrière eux et des heures de vol, pour faire couler son propos
sans accrocs. Dans une langue simple, Les confessions de l’ombre se lit
également comme un film en mots. Tout y est imagé, avec des personnages coupés
au hachoir, sans la moindre caricature ou le moindre compromis à cette tendance
couleur locale qui caractérisent certains auteurs qui ont visité, vécu ou juste
connu, en surface, le Maroc. Pierre Boussel, lui, connaît le pays où il vit et
travaille, et on le sent dans chaque passage.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire