lundi 21 juillet 2014

« Zero Theorem » de Terry Gillian: L’humanité en sursis

 C’est dans la veine du sublime « Twelve Monkeys » (L’armée des douze singes) avec Brad Pitt, Bruce Willis et Madeleine Stowe. Déjà dans cet opus très futuriste, adossé à un scénario en béton armé, Terry Gillian, à qui l’on doit entre autres, le magnifique « Brazil », avec Robert de Niro, donne une espèce de lecture de ce que sera le monde demain. Pour ce théorème zéro, c’est donc un prolongement de ce qui a été amorcé de manière géniale dans l’armée des douze singes. Nous sommes à Londres.  




Nous sommes projetés dans un futur très proche. Et tout cas, un avenir crédible et non pas fantasmagorique. Un scientifique illuminé travaille sans arrêt, dans une église. Il mangé des plats, sans goût, sortis droit d’un micro-ondes. Son esprit est captivé par d’autres nourritures. Il est aussi connecté à des séances de cybersexe. Qohen, c’est son nom, perd peu à peu ce qui fait son essence. Il s’éloigne de son épicentre d’humain et de chercheur de grand talent. Un type nommé « le directeur » lui confie un projet. Il est sommé de résoudre une théorie devant prouver l'absence de finalité de l'existence. Il rame, trime, s’exténue, sans relâche. Dans ce labyrinthe, il est de temps à autre sauvé par la visite de Bainsley, une jeune femme qui veut le séduire. Et aussi les apparitions de Bob, le fils prodige du Directeur. Entre temps, Qohen est là, attendant un mystérieux coup de fil qui va lui apporter les réponses à cette question essentielle sur le sens même de la vie humaine.
Ce savant fou, incarné  par le génial Christoph Waltz, incarne la démence humaine dans tous ses excès, entre recherches scientifiques poussées aux limites et absence totale de repère métaphysiques sur l’existence humaine, ses finalités, ses sources et ses ramifications. La vie a-t-elle un sens ? C’est selon. Oui et non. Chacun trouvera sa propre réponse. Mais l’intérêt d’un film aussi inspiré, aussi actuel et puissant, c’est le regard que porte Terry Gillian sur l’absurdité de la vie. A la fin, aucune réponse ne peut être apportée. Aucun salut n’est proposé dans un film qui est une belle leçon de philosophie simple sur tous les questionnements que nous nous posons sur notre utilité, notre rôle dans ce monde, d’où on vient et où l’on va. Entre George Orwell et Franz Kafka, ce récit trop humain est une plongée dans la sombre sphère des incertitudes humaines. Il n’est pas ici question ni de Dieu ni de bien ni de mal. Il n’est pas plus question de rédemption, mais juste la volonté d’un cinéaste de génie de donner un sens à ce qui peut-être n’en a pas. Ou pas encore. C’est en somme, une invitation à se poser des questions de fond sur qui nous sommes vraiment. Ce que nous apportons à ce monde et comment il sera grâce ou à cause de nous, dans un avenir très proche.

  
Réalisé par Terry Gillian. Avec Christoph Waltz, Mélanie Thierry et David Thewlis.




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