dimanche 6 juillet 2014

FDM répond à Benkirane : «Femmes lustres, non merci !» L’art de l’esquive d’un gouvernement aux abois

La réaction est proportionnelle à la saillie du chef du gouvernement. Le mensuel Femmes du Maroc (FDM) signe un manifeste en bonne et due forme contre toutes  les formes de stigmatisations, d’exclusions, de rabaissement et d’enterrement volontaire d’années de lutte et de combat de toutes les femmes marocaines qui ont payé lourd leurs acquis d’aujourd’hui.  «Femmes lustres, non merci !» est un rendez-vous pris avec l’histoire du Maroc, avec ses sombres héritages du passé et ses projections résolument tournées vers l’avenir. Tout remonte aux propos sexistes et dégradants du chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, contre les femmes marocaines qui participent activement à l’essor de leurs foyers, de leur société et de leur pays en travaillant dur et en assumant de lourdes responsabilités. «Les maisons sont éteintes depuis que les femmes en sont sorties pour travailler ». D’où les lustres sur les têtes de toutes celles qui se sentent indignées et offensées par de tels dérapages. Rien de plus normal que FDM, le magazine féminin, pionnier dans la lutte pour les droits des femmes au Maroc, monte au créneau avec un dossier en béton armé pour dire d’abord « non ». Ensuite, rappeler à tous et à toutes que le combat pour les droits, arrachés dans la douleur, n’est jamais fini. C’est un travail de tous les instants dans une société aux relents rétrogrades, qui malgré,  des façades modernistes, n’a pas encore réussi à déloger une certaine manière de voir, un certain regard désapprobateur, paternaliste, anachronique, sur la femme marocaine. «Vous qui êtes là, vous avez été éduqués dans des maisons où il y avait des lustres. Ces lustres étaient vos mères ». Ce sont là les regrets du chef du gouvernement. C’est sa manière de balayer d’un dérapage de langue, plusieurs décennies de soumission, de violence, de torture morale et physique, de marginalisation pour consacrer un souhait asservissant de la femme marocaine telle qu’une frange de la société voudrait la voir. C’est cela la stricte réalité : la place occupée par la femme  au Maroc dérange profondément, non seulement les islamistes dont le chef de fil prend ici rendez-vous avec l’histoire en démontrant à quel point, il méprise la femme et son travail, son indépendance et sa liberté, (pas encore tout à fait acquise, car il reste tant de chemin à parcourir dans ce sens), mais tous les rétrogrades déguisés en modernistes de pacotille. Et le Maroc en compte beaucoup.
FDM lève le voile sur les dérives d’une politique aux abois, qui, au lieu de trouver des solutions solides à des problèmes urgents, comme la pauvreté, l’éducation, la santé, le chômage, la jeunesse, la culture, veut noyer le poisson en créant des « digressions » dégradantes qui versent toutes dans le sens de détourner l’opinion publique des véritables chantiers à mettre sur pied pour sauver ce pays. Dire que le problème du Maroc, c’est ce lustre qui a quitté le foyer conjugal, c’est livrer la femme marocaine a la vindicte populiste en en faisant une cible facile.  Non, le problème est dans l’incompétence des gouvernements qui se suivent au Maroc. Leur incapacité de résoudre les grands fléaux qui handicapent ce pays. Et le gouvernement Benkirane, plus que tous les autres, a montré ses limites, ses faiblesses et son inclination pour les faux débats, les polémiques stériles et surtout l’art de l’esquive en donnant en pâture, les franges les plus accessibles, pour échapper à la reddition des comptes, par le résultat, par le travail accompli.  Le constat est cinglant pour ce gouvernement : zéro pointé dans tous les domaines, avec en prime, la volonté certaine de créer un climat délétère au sein d’une société marocaine, soudée aujourd’hui, autour de ces acquis, dans une réelle évaluation de ses valeurs propres, où la femme est partie prenante au même degré que l’homme.

C’est l’erreur de trop, et rien ne nous dit que c’est la dernière tant ce chef  de gouvernement a pris l’habitude de surfer sur toutes les vagues pourvu qu’elles fassent du bruit, même pour rien.

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