La question est très simple :
avez-vous déjà vécu une dépression ? Ensuite, si c’est déjà le cas, en
êtes-vous sorti le même ? Ou alors la dépression vous a façonné à sa guise
et à vie, malgré toutes vos tentatives de retrouver qui vous étiez avant ?
Ce livre relate d’abord une histoire vécue. Un drame personnel traversé par
l’auteur Céline Curiol. Durant l’été 2009, l’écrivaine sombre dans une grave
dépression.
Comme beaucoup de gens, elle
a tenté de s’en sortir toute seule. Elle a pensé, comme vous et moi, que
c’était passager, qu’il n’y avait pas de quoi s’inquiéter. Après tout, tout
finit par passer. Mais ce n’était pas le cas pour Céline. Le corps se met à
souffrir. Le mal s’infiltre partout, monte en puissance et paralyse son esprit.
Elle est captive. Elle ne peut pas échapper à l’angoisse de tous les instants.
Ce qu’il faut savoir-ceci ceux qui ont traversé l’enfer d’une dépression le
savent très bien- c’est que la dépression change un être humain. Vous n’êtes
plus vous-même. Vous n’avez aucun prise sur ce qui vous arrive. Vous assistez à
votre dérive. Vous regardez votre noyade, mais vous n’y pouvez plus rien. C’est
ce sentiment d’impuissance face à ce qui vous broie comme un rouleau
compresseur qui est terrifiant. Peur constante, panique à tout instant,
asphyxie permanente, vous êtes en apnée. Céline Curiol, l’auteur de Un quinze
août à Paris, décide de consulter. Il faut se faire aider. Il faut une
béquille. Un psychiatre peut être d’une bonne aide. Heureusement qu’il y a les
livres. Heureusement qu’on peut y trouver un viatique essentiel pour tous ceux
qui perdent pied et qui, évidemment, sont très sensibles aux mots et à leur
immense pouvoir. Elle lit, se documente, cherche, scrute, descend au plus
profond d’elle-même pour comprendre sa dépression. Cette quête dans les abysses
du corps est la plus dure. On ne sait pas
où on voit, quelle route prendre, pas plus que l’on sache sur quoi on peut tomber. On tâtonne, guidé
par la peur et par cet instinct de survie qui fait que des fois, au bout de la
noyade, on est sauvé. Comme par miracle. Evidemment, quand on s’en sort, il ne
faut pas plier la page comme si cette traversée du désert était normale. Non,
il faut comprendre. Pour Céline Curiol, cinq ans après, c’est un livre qui est
né. Une histoire qui revient sur ce drame intérieur qui se joue en
sourdine. Un quinze août à Paris est un
témoignage fort sur la dépression. On y plonge pour respirer, comprendre
l’incompréhensible et tenter de saisir le pourquoi d’une glissade inéluctable
vers les abîmes de soi sans espoir de survie.
Editions Actes Sud.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire