C’est fait. 24 ans après le sacre à Rome lors du Mondial
1990, l’équipe nationale d’Allemagne retrouve encore une fois l’Argentine et
gagne son match, après un marathon de 120 mn. Comme en 1990, alors que
l’Albiceleste était conduite par Diego Armando Maradona, les Argentins ont
cadenassé le jeu. Ils se sont pliés au milieu et en défense, refusant de se
découvrir et de laisser des espaces de jeu aux Allemands. Pourtant la
Mannschaft a joué, toujours de l’avant, dans son système désormais
caractéristique d’équipe joueuse, portée par un excellent milieu de terrain
autour de Bastian Schweinsteiger et Toni Kroos, avec la surprise du chef.
Joachim Löw, après la blessure de Sami Khedira, 15 mn avant le coup d’envoi de
la finale à Rio, aligne le jeune et talentueux Christoph Kramer. Ce dernier se
fait rétamer par Garay d’un coup d’épaule vicieux et sort avant la fin de la
première mi-temps. Löw trouve la parade et aligne Andre Schürrle. Le joker de
luxe fait son match, trouve le cadre à plusieurs reprises, aidé par un Thomas
Müller, toujours aussi magnifique, dans ses placements, ses permutations et sa
lecture des espaces. L’Allemagne joue, l’Argentine défend. Puis deux occasions nettes
de buts pour Higuain et Messi. Toutes les deux lamentablement ratées. Les
Argentins auraient pu plier le match et gagner leur troisième coupe. Mais Messi
et consorts ont refusé le jeu et surtout ont senti la domination des Allemands.
Mesut Özil jouait son match, faisait les relais qu’il fallait, trouvait un
Klose, toujours aussi solide devant et très dangereux. Au bout d’une heure de
jeu, on a compris que l’Argentine cherchait les prolongations. La Mannschaft a
poussé, mais sans trouver la faille. Avant les extra-time, Löw a une idée de
génie. Il fait entrer Mario Götze, celui qui a le moins joué ces derniers
matchs. Il est frais, il est dispo, il a la technique et l’intelligence pour
faire basculer le match. Ce sera fait à la 113 minutes, d’une passe lumineuse
de Schürrle, réceptionné par la poitrine par le gamin de 22 ans du Bayern, et reprise pied droit dans le petit filet.
C’est du grand art. Le geste parfait. Il fallait le réussir, dans une finale de
coupe du monde, dans un match fermé, avec une équipe argentine, fatiguée, qui a
aligné les prolongations et qui s’est regroupée à 7 en défense. Le match est
plié. Messi, Aguerro, Mascherano, Gago et les autres ont senti qu’encore une
fois, ils n’ont rien pu faire face à une Allemagne talentueuse, qui joue au
ballon, qui est sûre de ces bases et qui ne développe aucun complexe face à des
individualités comme le quadruple ballon d’or argentin, Lionel Messi, perdu en
fin de match.
L’Allemagne gagne au bout de 120 minutes de bataille où
Schweini a pris de sales coups. On l’a amoché, mais le guerrier bavarois a levé
les bras. Klose, lui, malheureux finaliste
en 2002, a tenu bon durant quatre phases finales de coupe du monde pour
enfin amener ses deux fils jumeaux sur la pelouse, après la victoire, toucher la
fameuse Coupe. C’est la meilleure équipe du tournoi qui a gagné. Avec la
meilleure attaque et une grande charnière centrale autour de Hummels et
Boateng, avec une grande surprise nommée Höwedes, l’Allemagne a retrouvé son
âme. Klose termine avec le titre suprême
du meilleur buteur de l’histoire des
coupes du monde (16 buts). La Mannschaft est l’unique équipe européenne à
s’imposer sur le continent américain. Historique. Les Allemands en 18
participations à la coupe du monde ont joué 17 quarts de finales, 13
demies-finales, 8 finales et ont gagné 4 fois. C’est prodigieux de rigueur et
de constance. Cela traduit aussi le travail magnifique d’un Joachim Löw et de
son staff avec Hansi Flick et Andreas Köpke, managés par l’excellent Oliver
Bierhof. Löw depuis 2006 a joué une finale de coupe d’Europe. Une demie finale
de coupe du monde en 2010 et une demie finale de coupe d’Europe en 2012. Et là,
en 2014, il offre le sacre à une nation allemande qui l’attendait depuis 24
ans. Et ce n’est pas fini, cette génération dorée est encore jeune. Klose s’en
va à 36 ans. Mais il y a encore les Kroos, les Schweini, les Lahm, les Özil,
Götze, Schürrle, Podolski, Draxler, Reus, Hummels, Boateng, Höwedes, Kramer,
Ginter, Durm, Mustafi, sans oublier la perle de cette équipe, le grand rempart,
le mur de Berlin, Manuel Neuer. Cette Allemagne a encore des années de gloire
devant elle.
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