jeudi 13 février 2014

Radia Lahlou expose à la CMOOA L’insoutenable légèreté des sens

Radia Lahlou, artiste multidimensionnelle et architecte de formation, présente sa nouvelle exposition du 30 janvier au 22 février 2014 à la Galerie CMOOA de Casablanca. Une vision novatrice  d’un art sans frontière.





Si vous vous attendez à une énième vision féminine des Arts plastiques, entre installations, interactions sons et images et autres coloris, ce n’est pas à la galerie CMOOA de Casablanca où Radia Lahlou présente ses travaux qu’il faut aller passer du temps et s’imprégner du déjà vu. Non, ici, nous sommes face à un art novateur dont le maître mot est la fin des clichés et l’amorce d’une approche artistique qui se joue des frontières mentales ou physiques, voire géographiques pour installer un regard  à la fois acerbe et sans compromis sur le monde. C’est cela en somme, ce qui est donné à voir chez Hicham Daoudi, président de la CMOOA, qui explique le travail de son artiste dans des propos mesurés sur la finalité de ce travail : «Radia Lahlou a décidé de concrétiser son désir de création en portant un regard artistique sur un environnement social proche, tout en conservant un intérêt pour des thématiques et des réflexions qui l’ont marquée».   

Sans frontières

Tout y passe dans cette spéléologie artistique qui va au plus caché, au non-dit, scrutant dans les addictions, fouillant dans les tréfonds des habitudes pour révéler des pans dissimulés. On retrouve le matériel  des bustes androgynes, mâtinés d’une panoplie de jeux vidéo et autres trouvailles sophistiquées des multimédias, des passages sonores rappelant des figures comme Tarzan et James bond. Ceci pour le désir d’avoir un héros au quotidien. Mais aussi d’autres inscriptions, des clins d’oeil à des penseurs comme Machiavel  ou encore cette phrase qui résonne encore, après avoir quitté le lieu de l’exhibition : « le plus grand combat est contre soi-même », qui rappelle le monde de la couture et de la coquetterie ou encore cet univers de chaînes et de cadenas surmonté d’une phrase en arabe «le puits est asséché »… Plusieurs langues, plusieurs mondes, plusieurs visions qui versent toutes dans une seule direction : la convergence vers une meilleure lecture du monde où nous évoluons aujourd’hui. Comme dans ce montage superbe, emprunté au monde de la presse, avec plusieurs Unes de femmes et au milieu la cerise sur le gâteau.

Insoutenable légèreté
Ce sont donc douze installations déclinées avec force, pour offrir aux aficionados quelques clefs pour aborder un entourage complexe, sans repères, de plus en plus flouté et débordant d’innovations. Radia Lahlou met le doigt par le biais de ses installations et cette féria de personnages et de caractères sur ce qui ne va pas, sur ce qui n’ira pas, sur ce qui sous-tend une société prisonnière de quelques apparences où le sens même des valeurs fondamentales humaines est égaré. En cela, Radia Lahlou fait dans le suggestif, parfois drolatique, sans prise de tête, le tout drapé d’une liberté de ton qui en fait l’une des artistes les plus drôles de la scène artistique marocaine, où souvent, profondeur doit rimer avec lourdeur. Là, c’est un espace léger, mais solide, aérien, frais et gorgé de bonnes surprises.

  
Jusqu’au 22 février 2014 à la Galerie CMOOA, 5 rue Essanaani. Casablanca.



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