vendredi 7 février 2014

Manifestations à Melilla Des citoyens de seconde zone

L’année 2014 a très mal débuté pour les Marocains de Melilla.  Entre confrontations avec les autorités espagnoles et marginalisation, il ne fait pas bon être citoyen marocain dans le préside occupé.


Le chômage frappe de plein fouet la jeunesse marocains de Melilla. Les jeunes sans emplois en ont eu assez de traîner sans débouchées. Ils sont sortis dans les rues de la ville occupée par les Espagnols pour dire leur refus d’une situation intenable. Comme en 2010 et en 2013, durant le mois de janvier 2014, ils sont descendus par centaines investir les boulevards pour faire entendre leurs voix. Le point névralgique de ce printemps des jeunes de Melilla est situé au quartier Cañada de Hidum, un secteur très populaire, là où vit la majorité des Marocains. C’est le pendant du quartier Principe de Sebta. Là où la pauvreté est criarde, où la marginalisation bas son plein. Cette fois, encore, c’est la sélection des bénéficiaires de postes d’emploi saisonniers  dans le secteur public qui a mis le feu aux poudres. Chaque année, nous disent, ces jeunes de la ville, « c’est la même chose, il y a des gens privilégiés, et il y a ceux de notre quartier, qui ne sont même pas considérés comme des citoyens.»  Déjà en janvier de l’année dernière, la ville a été rythmée par le bruit des bottes et des coups. Ceux qui font les frais sont désignés d’avance : les pauvres, sans emplois, tous les demandeurs de travail qui vivent avec rien.

Apartheid
Car à Melilla, que l’on ne s’y trompe pas, il y a des degrés de pauvreté inimaginables pour une ville qui fait patrie de l’Europe. Mais, comme à Sebta, il y a les Espagnols et les Marocains et même au sein de la communauté marocaine, il y a ceux qui arrivent à s’en sortir et ceux devant qui toutes les portes se ferment. Ce sont généralement les mêmes. Ceux qui rouspètent, qui  se font entendre, «les Marocains qui veulent que le préside occupé redevienne marocain. Ceux-là, ils sont exclus de tout », affirme cet avocat de la ville. Cette fois le clash é été plus dur entre ce que les autorités espagnoles appellent « les musulmans » et les forces de l’ordre. Le bilan officiel fait état de jets de pierres et de cocktails Molotov de la part des « musulmans », mâtinée de barricades et de pneus enflammées pour bloquer la ville. Les médias espagnols n’ont pas hésité à parler de tirs de balles réels sur des agents de la Guardia civile espagnole, comme on a pu le lire sur les colonnes d’El Pais. C’est dire la violence de ses derniers jours qui a secoué toute la ville.
Pain noir
Et ce n’est pas près de finir. Tant que la faim est rivée aux ventres, les jeunes vont vouloir en découdre avec les autorités. Surtout que les deux secteurs où ils peuvent décrocher un boulot leurs sont fermés. Il s’agit du nettoyage et du jardinage comme l’a établi la Délégation du gouvernement, cette instance qui représente l’administration centrale espagnole.  Pour une durée de six mois avec un salaire mensuel de 1000 euros, c’est du pain béni pour une jeunesse sans horizon. Mais c’est le mode de sélection qui pose un problème aux candidats.  Pour le parti d’opposition local à Melilla, Coalicion por Melilla (CPM), le choix est régi par des considérations politiciennes au détriment des réels besoins des populations les plus défavorisées. C’est toujours le cas, ce sont les protégés du Parti populaire au pouvoir qui sont les premiers servis. Ce part de droite auquel appartient Juan José Imbroda, le président du préside occupé, depuis 2000 qui pense déjà aux prochaines élections et doit satisfaire d’abord son électorat. Passent à la trappe tous ceux qui ne votent pas PP. à quelques mois des prochaines échéances législatives, l’homme fort de la ville depuis treize ans, suscite chaque jour davantage de rejet de la part des populations démunies. Dans cet échiquier politique où la droite fait des coudes pour élargir sa base électoral, le quartier Cañada demeure l’oublié, le fief d’une jeunesse qui en ras-le-bol et dont la violence gagne chaque jour plus de terrain.




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