mercredi 12 février 2014

A la poursuite du guépard du Sahara

12 biologistes sont à la recherche du dernier guépard du Sahara. Dirigée par le scientifique espagnol, José María Gil Sánchez, c’est la huitième expédition des chercheurs sur un périmètre de plus de 1000 kilomètres carrés. Espoir réel ou mission impossible?






L’espoir fait vivre. C’est le crédo de l’équipe de scientifiques dirigée par José María Gil Sánchez, biologiste espagnol de renom, partie à la recherche du dernier guépard du Sahara. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Le guépard du Sahara, espèce légèrement différente de celle de la savane africaine, est un animal presque invisible. Insaisissable, il se caractérise par son pelage clair qui fond dans le décor désertique et des tâches plus espacées, fruit d’une longue évolution pour épouser les reliefs de son milieu naturel. Pourtant, malgré les menaces qui ont pesé sur cette espèce, très prisée par les touaregs, les données de ’union mondiale pour la nature (UICN) montrent qu’il existe encore 250 guépards adultes pour l’ensemble du Nord-est africain. Autrement dit, le guépard continue de vivre dans le Sud marocain l’Est algérien et le nord mauritanien. En 2002, les débets sur l’existence de l’espèce sont relancés après une photographie de l’animal au Niger. Le cliché fait le tour du monde et les intérêts scientifiques reprennent de plus belle.

Sonnette d’alarme

Déjà, l’équipe de José María Gil Sánchez, composée de biologistes qui travaillent pour le gouvernement espagnol dans la conservation de certaines espèces comme le lynx ibérique,  parcourait des étendues entières dans le désert pour en pister un. Sans succès. Reste qu’en 2009, un autre espoir renaît quand Sarah Durant, de la Société zoologique de Londres, réussit avec son équipe à prendre des photographies du guépard du Sahara en Algérie. Certes la chercheuse britannique tire la sonnette d’alarme : « Le guépard saharien est dans un danger critique d'extinction, mais on ne sait pratiquement rien de sa population ».   Mais il n’en demeure pas moins que si on a réussi à figer quelques images incroyables du félin, les recherches sur le territoire marocain n’ont pas encore été fructueuses.

Les recherches ont repris en avril 2011. L’objectif est clair : il fait trouver les derniers représentants de l’espèce sur le sol marocain.  Le terrain parcouru s’étend  du cours bas du fleuve Draâ aux montagnes Aydar, une immense zone où il y a un climat propice à la vie de cette espèce de félins.

Indices  encourageants

Ce sont donc pas moins de 20 000 kilomètres carrés qui ont été ciblés par les travaux des scientifiques. Les techniques employées sont très importantes.  D’ab ord, des pièges photographiques mis en place, dans différentes zones, durant de longs mois pour enregistrer le moindre passage du félin. Ensuite, les chercheurs ont passé au peigne fin pas moins  de 2 500 acacias à la recherche de crottes de guépard. Les biologistes espagnols travaillent en étroite collaboration avec les universités Juan Carlos de Madrid et Mohamed V de Rabat. Ils ont réussi à trouver des indices probants. Il s’agit surtout de l’existence  de plus d'un millier de gazelles de Cuvier. C’est là une information de taille qui donne de l’espoir aux scientifiques. En effet, les gazelles de Cuvier font partie des proies appréciées par les guépards du Sahara. D’autres proies potentielles ont été aperçues dans toute cette région du Maroc, il s’agit des gazelles dorcas, des moutons, et des lièvres qui ont élu domicile dans un habitat escarpé, qui peut favoriser la vie en ermite du guépard.

Modus operandi
L’équipe de recherches, malgré de nombreuses déconvenues n’a pas encore baissé les bras. Les travaux continuent surtout qu’au-delà des indices trouvés sur place et l’existence de proies idéales pour le guépard, lors du dernier congrès de la société espagnole pour la conservation et l'étude des mammifères, les scientifiques estiment qu’il y a au moins 38 guépards qui vivent encore dans la zone où les recherches ont eu lieu.  Pourtant le félin se dérobe à leur vue. Un autre indice qui verse dans le sens d’une probable existence du fauve sur place, la découverte récente des restes de chèvres « fraîchement tuées  probablement par des guépards », comme l’avancent les chercheurs espagnols. José María Gil Sánchez, échaudé par les nombreux échecs reste prudent. Pour le scientifique, les preuves sont là. D’abord le mode opératoire de la chasse du guépard qui s’attaque aux chèvres en leur sautant sur le cou occasionnant des morsures au niveau de la trachée, avec le col relevé. Les biologistes sont formels : le modus operandi est «pratiquement celui d’un guépard, mais nous ne pouvons pas être sûrs sans pièges photographiques ou preuve génétique ».

Couloirs biologiques
L’autre point qui plaide en faveur de l’existence de l’espèce sur le sol marocain, le fait que plus de 250 guépards adultes sont aujourd’hui répartis entre l'Algérie, le Niger, le Bénin et le Burkina Faso. Quoi qu’il en soit, les recherches ne sont pas abandonnées. Loin de là. L’intérêt croissant de la communauté scientifique pour cette espèce en grand danger est de plus en plus important d’autant plus des programmes peuvent être mis en place dans toute la région en connivence avec les pays concernés pour créer des couloirs biologiques et des ceintures protégées pour donner une dernière chance à cette espèce rare de continuer d’arpenter les zones arides de l’Afrique du Nord et les montagnes du Sud marocains et les contreforts de la vallée du Draâ.


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