Nourreddine Chater est un spécialiste de la
calligraphie arabe. Mais pas
uniquement, ce jeune peintre a une
très bonne maîtrise de ses outils et un sens aigu de la couleur et de la forme.
Le choix est vite fait. Il est
clair. Les bouleversements qui ont secoué le monde arabe sont déclinés dans ce
travail récent du plasticien Noureddine Chater avec beaucoup de sensibilité.
Certes l’écriture est là, alignée
comme un parchemin où on doit parcourir les grandes mutations d’un monde livré
aux changements set aux mutations. Mais ce palimpseste est aussi une nouvelle
carte à créer pour cette Arabie, jadis heureuse. Œuvres aux dimensions
imposantes, trois visages déchus. Trois destins, trois nations, pour résumer
une époque. Housni Moubarak, Zine Alabidine Ben Ali et le Colonel Moammar
Kadhafi. Trois révolutions qui ne se ressemblent pas. Trois futurs incertains.
C’est cela la force d’un tel travail. Non seulement, il rend compte d’une
réalité, mais il la transcende pour nous parler de demain. Ce lendemain qui
s’écrit encore en pointillé.
Ce travail, très actuel fera
partie à la rentrée en octobre 2013, d’une exposition collective qui se
déroulera en Italie, lors d’une rencontre sur les grandes mutations
artistiques dans le monde arabe avec des artistes d’Irak, de Jordanie, de
Palestine, d’Egypte, de Tunisie et du Maroc.
Souci humain.
Couleurs humaines
Voici donc une manière très
intéressante d’allier calligraphie arabe et actualité humaine et politique.
Noureddine Chater a cette capacité de rendre les deux aspects de son travail,
autant les formes liées aux courbes de l’écriture que les couleurs qu’il
choisit en fonction de son sujet, à la fois complémentaires, mais parfois en
parfait dissonances pour marquer le chaos, l’incertitude ou encore l’indéfini. Pour
le peintre, il ne s’agit pas d’aligner des jets de coloris pour remplir un
espace, le rendre touffu et partant impénétrable à la compréhension de celui
qui le regarde. Aucun trait n’est ici un hasard. Tout est destiné à servir
d’ossature ç un sens global qui sous-tend toute l’œuvre. D’ailleurs, le travail
de Noureddine Chater se lit comme
un feuilleton, une œuvre complexe, d’une toile à une autre. Pour ce natif de
1975, représenté par la Matisse Art Gallery à Marrakech et à Casablanca, la
calligraphie est une manière de revisiter l’histoire, de lui redonner une
nouvelle dimension dans ses
multiples signifiances.
De ce fait, l’œuvre de Noureddine
Chater, n’est pas uniquement un bon témoignage de la force de la calligraphie
Arabe, mais elle la dépasse et s’affirme comme un travail qui met en lumière
l’interaction entre le textuel et le figural, l’idée et la forme. Le mot prend
ici d’autres sinuosités. Il éclate au grand jour. Il va au-delà de ses
innombrables variations, pour ouvrir de nouveaux champs de lecture.
Dimension universelle
Un travail qui a toujours été un
souci pour le peintre. D’ailleurs, en 1989, à l’âge de 19 ans, Noureddine Chater obtient le Prix de «
la Jeune Peinture » de la ville de Leidz, en Tchécoslovaquie. C’est dire que
son travail, très précoce sur le mot a été remarqué lors de grandes messes
dédiées à cet art. Depuis, cette première distinction, Noureddine Chater participe
à de nombreuses expositions de renom. On a exposé ses travaux en France, au Portugal, en Allemagne, au Sénégal
et au Maroc. Son travail est couronné en 2006 par sa nomination en tant que
lauréat du concours «Le Maroc Avenir», organisé par la Fondation de la Caisse
de Dépôt et de Gestion à l’occasion du 50ème anniversaire de
l’indépendance du Maroc.
Aujourd’hui, Noureddine Chater
est face à un nouveau pallier que ses œuvres ont déjà franchi pour s’ancrer
dans une réflexion universel sur le mot et la calligraphie.
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