jeudi 31 janvier 2013

« Django Unchained » de Quentin Tarantino



Le dernier film de Quentin Tarantino est un joli pied de nez à l’histoire américaine et à l’esclavage. Django Unchained signe le retour du déjanté de Hollywood aux devants de la scène. Toujours sur fond de polémique. 
  
A sa sortie en salles, le 16 janvier 2013, Django Unchained est un franc succès critique. Quentin Tarantino, le réalisateur du film nous a habitué à des opus serrés, au poil et sans fausses notes ou presque.  Quand on met son nom en bas de produits filmiques tels que Reservoir Dogs, Pulp Fiction, Jackie Brown ou encore Inglorius Bastards, les risques de ratages sont amortis. Quentin Tarantino revisite l’histoire de Django, qui a déjà lieu à quelques western Spaghettis plus au moins accrocheurs. Il met en vedette une brochette de grands noms à son habitude. 
On retrouve dans le rôle titre Jamie Foxx, mais aussi Leonardo Di Caprio, esclavagiste de son état, Samuel L. Jackson, Christoph Waltz, au summum de son art et Kerry Washington, dans un rôle à contre emploi, mais qui demeure l’atout charme de Mr Tarantino. Que dire d’un tel film ? Tout y est : des clins d’oeil au cinéma western de Sergio Leone, une intrigue bien dosée, une audace filmique sans compromis pour l’un des cinéastes les plus déjantées du moment. Bref ce Django est un film Rock N’Roll.
Histoire douloureuse
Mais le film ne crée pas seulement l’événement pour ses qualités intrinsèques. Il déclenche également une vive polémique sur son sujet. D’abord, le film est jugé par quelques puritains comme très violent. Bon, âmes sensibles, restez sous les couettes, ce n’est pas là un film pour vous. Il faut avoir le cœur bien accroché pour soutenir une telle féérie d’images ensanglantée. 
C’est du must, un ballet classique de coups et de blessures. Mais rien de trash. Rien de sale. Rien qui fasse peur. La violence s’élève même au rang d’art  quand c’est des gras du calibre de Tarantino qui s’y collent. Mais ce n’est pas le fond du conflit crée autour de ce Dajngo. 
Spike Lee, un cinéaste afro-américain de grand talent, lui-même catalogué très irrévérencieux, à qui l’on doit, Do The Right Thing, Jungle Fever, Malcolm X ou encore, La 25 ème heure, trouve que Tarantino n’a pas le droit de traiter cette page noire de l’histoire douloureuse américaine avec « autant de légèreté et d’irrespect.» Ce qu’il faut savoir, c’est que le duel Lee-Tarantino date de loin. 
Déjà  à la sortie de Jackie Brown, Spike Lee,  avait réagi à l’utilisation celui lui exagérée du N-word(comprenez Nigger pour nègre)   Cette fois, rien ne lui plait dans le film de son rival. Il faut dire que Quentin Tarantino foule les plates bandes de Spike Lee et signe des films de noirs alors qu’il est blanc. Les cinéphages doivent aussi savoir que Lee avait lui aussi foulé la chasse gardée des réalisateurs blancs en signant Inside Man. 
Lee est allé plus loin en affirmant ne pas aller voir  le film de Tarantino. «Je ne peux pas en parler car je ne vais pas le voir. Tout ce que je peux dire, c'est que c'est irrespectueux pour mes ancêtres de voir ce film. Je ne peux pas manquer de respect à mes ancêtres. C'est mon avis, je ne parle qu'en mon nom.» 
Sur son compte Twitter, il donne un condensé de sa position : «L'esclavage en Amérique n'était pas un western spaghetti de Sergio Leone. C'était un holocauste. Mes ancêtres sont des esclaves. Volés d'Afrique. Je leur ferai honneur.»
Politiquement incorrect
Avec tout le respect que l’on doit à un type comme Spike Lee, il ne faut pas charrier. Tarantino livre un film à la hauteur de son talent. Limpide, cru, poignant, sauvage, irrespectueux, non-canonique, sans le moindre conformisme. Encore moins la moindre parcelle du politiquement correct. 
Ici, il n’y  a aucune place pour la bienpensance. Ici, on fait du cinéma intelligent et on l’assume. Point barre. N’en déplaise à Spike Lee, qui demeure ce que l’Amérique fait de mieux en termes d’imageries. Alors Tarabtino est-il à la hauteur de signer un film sur une hsitoire noire en Amérique ? Absolument. 
Et pour s’en convaincre, il faut juste prendre un siège dans une salle obscure et vous laissez emmener là où il lui plaira. Toujours avec virtuosité tant ce Django est une partition filmique d’une rare beauté.


Réalisé par Quentin Tarantino. Avec Jamie Foxx, Leonardo Di Caprio, Samuel L. Jackson, Kerry Washington et Christophe Waltz. 

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