vendredi 14 février 2014

Situation des Marocains vivant en Espagne La crise lamine toujours les plus faibles

Face à la crise sociale et aux revendications à répétition,  l'Espagne veut interdire les manifestations. Pour essayer de contrôler la grogne sociale, le gouvernement a adopté une loi restreignant le droit de manifester. Même les images, photos ou vidéos des forces de l'ordre seront passibles de sanction.  





Ce ne sont pas seulement des Indignés qui sortent dire non au gouvernement mené par Mariano Rajoy, chef du parti populaire. Toutes les communautés se sont jointes ses dernières semaines au flux humains qui prennent les rues espagnoles d’assaut pour  clamer plus de justice sociale et moins d’exclusion. Entre austérité et chômage,  la crise est loin d’être finie, comme a bine voulu l’annoncer le gouvernement. Si une certaine croissance a repris, il n’en demeure pas moins que les effets et les retombées de la crise sont toujours aussi forts. D’ailleurs, la prévision officielle de croissance du gouvernement espagnol pour 2014 est pour l'instant de 0,7% après un recul de 1,2% en 2013. Pourtant, c’est en janvier 2013 que la fin de la crise a été annoncée en grandes pompes. Mais le chef du gouvernement conservateur espagnol Mariano Rajoy a promis lors de son bilan annuel fin 2013, que 2014 «sera l'année du début de la reprise économique ». Pourtant l'Espagne, toujours frappée par un chômage de 26%,  ne voit pas encore le bout du tunnel.

Minorités fragiles

Qui dit crise dit fragilité des minorités. Et ce sont, comme partout dans le monde, les étrangers qui en pâtissent. C’est le cas des Marocains d’Espagne qui se ont joints aux cortèges des indignés et autres refuzniks de la mal-vie à l’Espagnole pour réclamer plus d’égalité des chances. Un vœu pieux vu que égalité des chances est un terme banni de l’économie mondiale depuis de longues décennies. En Espagne, 1 chômeur sur 5 est un étranger. Les Marocains et les Roumains sont les deux nationalités les plus représentées. Selon l’association des travailleurs immigrés marocains en Espagne (ATIME), «près de 43 % des Marocains établis dans ce pays sont au chômage, soit 350.000 personnes, alors que seuls 16 % des Marocains étaient sans emploi il y a trois ans». Un chiffre qui donne froid dans le dos quand on sait que sur les 758 900 Marocains d’Espagne seuls 227.000 (avec près de 50 000 touchés par le chômage) sont en situation régulière et disposent de la sécurité sociale. 
Face à la crise, la perte d’un emploi, voire d’un logement, de nombreux Marocains percevant des aides sociales comme l’indemnité mensuelle de chômage qui est établie à 420 euros,  font des aller-retour entre l’Espagne et le Maroc pour  économiser des frais superflus en Espagne. Voire trouver un travail au Maroc en attendant de rentrer en Espagne. Certains d’entre eux font des déplacements dans l’espace Schengen, pour des visites familiales ou à la recherche d’un job même pour une période limitée. Mais le gouvernement espagnol a prévu ce type d’immigration trans-Schengen.  Il a mis en place un système d’amendes prévues par la loi espagnole  de 15 000 euros,  en plus du remboursement de l’aide sociale, à l’encontre des immigrés qui «quittent l’Espagne sans permission pour une durée supérieure à 15 jours».  

Effet Boomerang
Au-delà du chômage et du boomerang de la crise économique, au-delà du plan de retour volontaire, les Marocains d’Espagne comme d’autre minorités doivent faire face aux déclarations xénophobes,  au racisme basique et aux stigmatisations. Il y a une phrase de Mariano Rajoy qui illustre bien la situation des immigrés étrangers en Espagne : «180.000 immigrés perçoivent actuellement une allocation de chômage, tandis que 20.000 Espagnols d’Andalousie ont cherché du travail dans les vendanges en France ». cela se passe de commentaire et en dit long sur le calvaire qui attend encore les centaines de milliers de Marocains qui ne peuvent pas quitter l’Espagne et se trouvent coincés dans un pays qui ploie sous la crise et ne sait pas gérer ses travailleurs étrangers.
  
Quelques chiffres
En 2012, 477.000 personnes ont quitté l’Espagne, soit 1% de la population. 60.000 d'entre elles étaient des Espagnols, soit 80% de plus qu'en 2008. Si l’on compte les entrées dans le pays, on obtient un solde migratoire net de 162.400 personnes qui ont quitté le pays. En Juillet, l'Espagne comptait 1,6 million de travailleurs étrangers, contre 2 millions en 2008.




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