Face à la crise sociale
et aux revendications à répétition,
l'Espagne veut interdire les manifestations. Pour essayer de contrôler
la grogne sociale, le gouvernement a adopté une loi restreignant le droit de
manifester. Même les images, photos ou vidéos des forces de l'ordre seront
passibles de sanction.
Ce ne sont pas seulement des Indignés qui
sortent dire non au gouvernement mené par Mariano Rajoy, chef du parti
populaire. Toutes les communautés se sont jointes ses dernières semaines au
flux humains qui prennent les rues espagnoles d’assaut pour clamer plus de justice sociale et moins
d’exclusion. Entre austérité et chômage, la crise est loin d’être finie, comme a bine voulu l’annoncer
le gouvernement. Si une certaine croissance a repris, il n’en demeure pas moins
que les effets et les retombées de la crise sont toujours aussi forts.
D’ailleurs, la prévision
officielle de croissance du gouvernement espagnol pour 2014 est pour l'instant
de 0,7% après un recul de 1,2% en 2013. Pourtant, c’est en janvier 2013 que la
fin de la crise a été annoncée en grandes pompes. Mais le chef du gouvernement conservateur
espagnol Mariano Rajoy a promis lors de son bilan annuel fin 2013, que 2014 «sera
l'année du début de la reprise économique ». Pourtant l'Espagne, toujours frappée
par un chômage de 26%, ne voit pas
encore le bout du tunnel.
Minorités fragiles
Qui dit crise
dit fragilité des minorités. Et ce sont, comme partout dans le monde, les
étrangers qui en pâtissent. C’est le cas des Marocains d’Espagne qui se ont
joints aux cortèges des indignés et autres refuzniks de la mal-vie à
l’Espagnole pour réclamer plus d’égalité des chances. Un vœu pieux vu que
égalité des chances est un terme banni de l’économie mondiale depuis de longues
décennies. En Espagne, 1 chômeur sur
5 est un étranger. Les Marocains et les Roumains sont les deux nationalités les
plus représentées. Selon l’association des travailleurs immigrés marocains en Espagne (ATIME), «près
de 43 % des Marocains établis dans ce pays sont au chômage, soit 350.000
personnes, alors que seuls 16 % des Marocains étaient sans emploi il y a trois
ans». Un chiffre qui donne froid dans le dos quand on sait que sur les
758 900 Marocains d’Espagne seuls 227.000 (avec près de 50 000
touchés par le chômage) sont en situation régulière et disposent de la sécurité
sociale.
Face à la crise, la perte
d’un emploi, voire d’un logement, de nombreux Marocains percevant des aides
sociales comme l’indemnité mensuelle de chômage qui est établie à 420 euros, font des aller-retour entre l’Espagne et
le Maroc pour économiser des frais
superflus en Espagne. Voire trouver un travail au Maroc en attendant de rentrer
en Espagne. Certains d’entre eux font des déplacements dans l’espace Schengen,
pour des visites familiales ou à la recherche d’un job même pour une période
limitée. Mais le gouvernement espagnol a prévu ce type d’immigration
trans-Schengen. Il a mis en place
un système d’amendes prévues par la loi espagnole de 15 000 euros, en plus du remboursement de l’aide sociale, à l’encontre des
immigrés qui «quittent l’Espagne sans permission pour une durée supérieure à 15
jours».
Effet Boomerang
Au-delà du chômage et du boomerang de la crise
économique, au-delà du plan de retour volontaire, les Marocains d’Espagne comme
d’autre minorités doivent faire face aux déclarations xénophobes, au racisme basique et aux
stigmatisations. Il y a une phrase de Mariano Rajoy qui illustre bien la
situation des immigrés étrangers en Espagne : «180.000 immigrés perçoivent actuellement une allocation de
chômage, tandis que 20.000 Espagnols d’Andalousie ont cherché du travail dans
les vendanges en France ». cela se passe de commentaire et en dit long sur
le calvaire qui attend encore les centaines de milliers de Marocains qui ne
peuvent pas quitter l’Espagne et se trouvent coincés dans un pays qui ploie sous
la crise et ne sait pas gérer ses travailleurs étrangers.
Quelques chiffres
En 2012, 477.000 personnes ont quitté l’Espagne, soit 1% de
la population. 60.000 d'entre elles étaient des Espagnols, soit 80% de plus
qu'en 2008. Si l’on compte les entrées dans le pays, on obtient un solde
migratoire net de 162.400 personnes qui ont quitté le pays. En Juillet, l'Espagne comptait 1,6 million de
travailleurs étrangers, contre 2 millions en 2008.
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