12 biologistes sont à la
recherche du dernier guépard du Sahara. Dirigée par le scientifique espagnol, José María Gil Sánchez, c’est la huitième expédition des
chercheurs sur un périmètre de plus de 1000 kilomètres carrés. Espoir réel ou
mission impossible?
L’espoir fait vivre. C’est le
crédo de l’équipe de scientifiques dirigée par José María Gil Sánchez, biologiste
espagnol de renom, partie à la recherche du dernier guépard du Sahara. Autant
chercher une aiguille dans une botte de foin. Le guépard du Sahara, espèce
légèrement différente de celle de la savane africaine, est un animal presque
invisible. Insaisissable, il se caractérise par son pelage clair qui fond dans
le décor désertique et des tâches plus espacées, fruit d’une longue évolution
pour épouser les reliefs de son milieu naturel. Pourtant, malgré les menaces
qui ont pesé sur cette espèce, très prisée par les touaregs, les données de
’union mondiale pour la nature (UICN) montrent qu’il existe encore 250 guépards
adultes pour l’ensemble du Nord-est africain. Autrement dit, le guépard
continue de vivre dans le Sud marocain l’Est algérien et le nord mauritanien. En
2002, les débets sur l’existence de l’espèce sont relancés après une
photographie de l’animal au Niger. Le cliché fait le tour du monde et les
intérêts scientifiques reprennent de plus belle.
Sonnette
d’alarme
Déjà, l’équipe de José María Gil
Sánchez, composée de biologistes qui travaillent pour le gouvernement espagnol
dans la conservation de certaines espèces comme le lynx ibérique, parcourait des étendues entières dans
le désert pour en pister un. Sans succès. Reste qu’en 2009, un autre espoir
renaît quand Sarah Durant, de la Société zoologique de Londres, réussit avec
son équipe à prendre des photographies du guépard du Sahara en Algérie. Certes
la chercheuse britannique tire la sonnette d’alarme : « Le guépard
saharien est dans un danger critique d'extinction, mais on ne sait pratiquement
rien de sa population ». Mais il n’en demeure pas moins que si on
a réussi à figer quelques images incroyables du félin, les recherches sur le
territoire marocain n’ont pas encore été fructueuses.
Les recherches ont repris en
avril 2011. L’objectif est clair : il fait trouver les derniers
représentants de l’espèce sur le sol marocain. Le terrain parcouru s’étend du cours bas du
fleuve Draâ aux montagnes Aydar, une immense zone où il y a un climat propice à
la vie de cette espèce de félins.
Indices encourageants
Ce
sont donc pas moins de 20 000 kilomètres carrés qui ont été ciblés par les
travaux des scientifiques. Les techniques employées sont très importantes. D’ab ord, des pièges photographiques mis
en place, dans différentes zones, durant de longs mois pour enregistrer le
moindre passage du félin. Ensuite, les chercheurs ont passé au peigne fin pas
moins de 2 500 acacias à la
recherche de crottes de guépard. Les biologistes espagnols travaillent en
étroite collaboration avec les universités Juan Carlos de Madrid et Mohamed V
de Rabat. Ils ont réussi à trouver des indices probants. Il s’agit surtout de
l’existence de plus d'un millier
de gazelles de Cuvier. C’est là une information de taille qui donne de l’espoir
aux scientifiques. En effet, les gazelles de Cuvier font partie des proies
appréciées par les guépards du Sahara. D’autres proies potentielles ont été
aperçues dans toute cette région du Maroc, il s’agit des gazelles dorcas, des
moutons, et des lièvres qui ont élu domicile dans un habitat escarpé, qui peut
favoriser la vie en ermite du guépard.
Modus
operandi
L’équipe de recherches, malgré
de nombreuses déconvenues n’a pas encore baissé les bras. Les travaux
continuent surtout qu’au-delà des indices trouvés sur place et l’existence de
proies idéales pour le guépard, lors du dernier congrès de la société espagnole
pour la conservation et l'étude des mammifères, les scientifiques estiment
qu’il y a au moins 38 guépards qui vivent encore dans la zone où les recherches
ont eu lieu. Pourtant le félin se
dérobe à leur vue. Un autre indice qui verse dans le sens d’une probable
existence du fauve sur place, la découverte récente des restes de chèvres
« fraîchement tuées probablement par des guépards », comme
l’avancent les chercheurs espagnols. José María Gil Sánchez, échaudé par les
nombreux échecs reste prudent. Pour le scientifique, les preuves sont là.
D’abord le mode opératoire de la chasse du guépard qui s’attaque aux chèvres en
leur sautant sur le cou occasionnant des morsures au niveau de la trachée, avec
le col relevé. Les biologistes sont formels : le modus operandi est «pratiquement
celui d’un guépard, mais nous ne pouvons pas être sûrs sans pièges photographiques
ou preuve génétique ».
Couloirs
biologiques
L’autre point qui plaide en
faveur de l’existence de l’espèce sur le sol marocain, le fait que plus de 250
guépards adultes sont aujourd’hui répartis entre l'Algérie, le Niger, le Bénin
et le Burkina Faso. Quoi qu’il en soit, les recherches ne sont pas abandonnées.
Loin de là. L’intérêt croissant de la communauté scientifique pour cette espèce
en grand danger est de plus en plus important d’autant plus des programmes
peuvent être mis en place dans toute la région en connivence avec les pays
concernés pour créer des couloirs biologiques et des ceintures protégées pour
donner une dernière chance à cette espèce rare de continuer d’arpenter les
zones arides de l’Afrique du Nord et les montagnes du Sud marocains et les
contreforts de la vallée du Draâ.
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