Le
peintre Saad Hassani expose ses œuvres récentes, du 28 janvier au 25 février
2014, à la galerie d’art L’Atelier 21 de Casablanca. Une occasion de faire un
arrêt sur l’un des plasticiens majeurs de al peinture marocaine contemporaine.
Comme dans ses parties d’échecs
fragmentées, Saâd Hassani s’est révélé au fil des ans un fin joueur. Il manie ses matériaux avec
la dextérité de celui qui a fait le tour de la question. C’est du moins
l’impression que l’on a du travail une fois exposé. En réalité, ce n’est jamais
aussi simple, ni si achevé que cela en a l’air. Mais à y voir de plus près,
cette peinture, qui s’étale sur plus de 40 ans est un questionnement sur
elle-même. Sans arrêt. Saâd Hassani sait qu’aucune partie n’est jamais gagnée
quand il s’agit de faire de la
peinture un mode de vie, un souci ontologique. Hassani est un homme
d’expérimentations. Il traverse les époques, multiplie les essais, n’hésite pas
à tourner les pages, les unes après les autres, après avoir scruté le fonds de ce
que son travail et ses multiples approches lui ont appris. Comme dans cette fameuse série des
Rotondo, expérience presque unique dans les annales des arts plastiques
marocains, dont il est sorti convaincu que sa période de l’échiquier était
essentielle pour la suite de ces travaux. C’est en somme ce qu’on peut lire dans la préface du
catalogue de cette exposition à la Galerie 21, signée Bernard Collet : « On
pourrait dire que dans la continuité d’un travail où le sujet véritable n’a
toujours été que la peinture elle-même, il s’agit d’un aboutissement, d’une
tentative de simplifier encore plus les codes représentatifs dont il s’était
servi jusqu’alors, et je pense bien sûr à la figure de l’échiquier et à sa
puissance métaphorique, pour atteindre à quelque chose qui serait de l’ordre de
la trace, du souvenir d’une forme, de sa marque d’absence en creux comme celle
que laisse un corps dans un lit défait. »
Partie
d’échecs
Saâd Hassani ne se contente jamais de
réussir une toile. Le souci est ailleurs pour lui. Son corps à corps avec son
sujet est plus important à ses yeux. D’où ce mano à mano qu’il livre, sans
cesse à la peinture qu’il modèle dans un infini besoin de toucher le sens même de la couleur er son corollaire
la forme.
Evidemment, on peut passer toute une vie à
courir derrière le sens d’un point chez Miro ou d’une ligne chez Rothko, sans
jamais rien saisir de l’essence de la peinture. Ceci Hassani le sait. Comme le souligne Bernard Collet, « Aujourd’hui
cette nouvelle série de peintures est comme l’aboutissement d’un processus très
lent, entamé dès ses premières recherches picturales, on pourrait dire que
chacune d’elles est la synthèse achevée d’éléments que Saad Hassani a
recueillis à la fois dans le paysage et dans le temps ».
Peintre
autodidacte
Saad Hassani est né à Rabat en 1948.
Peintre autodidacte, il a commencé à exposer au Maroc à partir de 1967. En 1970, Hassani aménage le premier
hôtel particulier pour y accueillir des artistes étrangers. L’atelier ne tarde
pas à devenir un lieu de rencontres entre peintres, poètes et intellectuels de
la capitale. Deux ans plus tard, il vend ses toiles et ses meubles, détruit ses
croquis, ses travaux préparatoires et s’installe à Casablanca, dans une chambre
d’hôtel, face à la mer. Il met en place les premiers éléments de ce qu’il nomme
«des débris recueillis dans le paysage » la terre, l’eau, le vent, les astres…
En 1980, il expose dans l’un des lieux les plus prestigieux d’Europe : la
Fondation Miro à Madrid. En 1992, il réalise une œuvre monumentale, une voile
de 210 m2 pour l’exposition universelle de Lisbonne en 1998. Suivent d’autres
expositions où le peintre a démontré toute sa créativité.
Du 28 janvier au 25 février 2014 à la
Galerie L’Atelier 21
21, rue Abou Mahassine Arrouyani (ex rue Boissy-d’Anglas)
Casablanca.
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