L’année 2014 a très mal débuté pour les Marocains de Melilla. Entre confrontations avec les autorités
espagnoles et marginalisation, il ne fait pas bon être citoyen marocain dans
le préside occupé.
Le chômage frappe de plein fouet la jeunesse
marocains de Melilla. Les jeunes sans emplois en ont eu assez de traîner sans
débouchées. Ils sont sortis dans les rues de la ville occupée par les Espagnols
pour dire leur refus d’une situation intenable. Comme en 2010 et en 2013,
durant le mois de janvier 2014, ils sont descendus par centaines investir les
boulevards pour faire entendre leurs voix. Le point névralgique de ce printemps
des jeunes de Melilla est situé au quartier Cañada de Hidum, un secteur très
populaire, là où vit la majorité des Marocains. C’est le pendant du quartier
Principe de Sebta. Là où la pauvreté est criarde, où la marginalisation bas son
plein. Cette fois, encore, c’est la sélection des bénéficiaires de postes
d’emploi saisonniers dans le
secteur public qui a mis le feu aux poudres. Chaque année, nous disent, ces
jeunes de la ville, « c’est la même chose, il y a des gens privilégiés, et
il y a ceux de notre quartier, qui ne sont même pas considérés comme des
citoyens.» Déjà en janvier de
l’année dernière, la ville a été rythmée par le bruit des bottes et des coups.
Ceux qui font les frais sont désignés d’avance : les pauvres, sans
emplois, tous les demandeurs de travail qui vivent avec rien.
Apartheid
Car à Melilla, que l’on ne s’y trompe
pas, il y a des degrés de pauvreté inimaginables pour une ville qui fait patrie
de l’Europe. Mais, comme à Sebta, il y a les Espagnols et les Marocains et même
au sein de la communauté marocaine, il y a ceux qui arrivent à s’en sortir et
ceux devant qui toutes les portes se ferment. Ce sont généralement les mêmes.
Ceux qui rouspètent, qui se font
entendre, «les Marocains qui veulent que le préside occupé redevienne marocain.
Ceux-là, ils sont exclus de tout », affirme cet avocat de la ville. Cette
fois le clash é été plus dur entre ce que les autorités espagnoles appellent
« les musulmans » et les forces de l’ordre. Le bilan officiel fait
état de jets de pierres et de cocktails Molotov de la part des
« musulmans », mâtinée de barricades et de pneus enflammées pour
bloquer la ville. Les médias espagnols n’ont pas hésité à parler de tirs de
balles réels sur des agents de la Guardia civile espagnole, comme on a pu le
lire sur les colonnes d’El Pais. C’est dire la violence de ses derniers jours
qui a secoué toute la ville.
Pain noir
Et ce n’est pas près de finir. Tant
que la faim est rivée aux ventres, les jeunes vont vouloir en découdre avec les
autorités. Surtout que les deux secteurs où ils peuvent décrocher un boulot
leurs sont fermés. Il s’agit du nettoyage et du jardinage comme l’a établi la
Délégation du gouvernement, cette instance qui représente l’administration
centrale espagnole. Pour une durée
de six mois avec un salaire mensuel de 1000 euros, c’est du pain béni pour une
jeunesse sans horizon. Mais c’est le mode de sélection qui pose un problème aux
candidats. Pour le parti
d’opposition local à Melilla, Coalicion por Melilla (CPM), le choix est régi
par des considérations politiciennes au détriment des réels besoins des
populations les plus défavorisées. C’est toujours le cas, ce sont les protégés
du Parti populaire au pouvoir qui sont les premiers servis. Ce part de droite
auquel appartient Juan José Imbroda, le président du préside occupé, depuis
2000 qui pense déjà aux prochaines élections et doit satisfaire d’abord son
électorat. Passent à la trappe tous ceux qui ne votent pas PP. à quelques mois
des prochaines échéances législatives, l’homme fort de la ville depuis treize
ans, suscite chaque jour davantage de rejet de la part des populations
démunies. Dans cet échiquier politique où la droite fait des coudes pour
élargir sa base électoral, le quartier Cañada demeure l’oublié, le fief d’une
jeunesse qui en ras-le-bol et dont la violence gagne chaque jour plus de
terrain.
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