Le
dernier récit de Tahar Benjelloun vient d’être publié chez Gallimard. Un livre
puissant sur le cancer de la prostate et les complications qui en résultent.
Courageux.
C’est un récit puissant que signe là Tahar Benjelloun pour cette
rentrée littéraire 2014. « L’ablation »,
publié chez Gallimard, le 7 janvier, raconte l’histoire d’un homme qui souffre de cancer de la
prostate. D’entrée de narration, Tahar Benjelloun donne le ton, qui sera
respecté tout au long de son oeuvre. Il ne nous épargne aucun détail de la
lente et certaine descente aux enfers d’un homme, qui voit son organe érectile
lui faire défaut. «Voilà : je ne bande plus.», Tahar
donne ici dans un crudité langagière qui rend ce récit d’une force implacable,
tant la vie de cet homme dont il est ici question, entre espoir de
retrouver sa verge intacte un jour
et la quasi-certitude de ne plus jamais pouvoir jouir de l’amour, peut être
celle de chacun de nous, une fois on arrive à la soixantaine. On le sait, chez l'homme,
le cancer de la prostate est l'équivalent du cancer du sein chez la femme. Le
seul hic est que l’homme peut devenir impuissant, ne plus jamais pouvoir
assurer sa virilité, malgré le désir, l’excitation et l’amour qu’il peut
nourrir.
Vérité cruelle
Tahar Benjelloun signe
ici son récit le plus personnel. Il a beau nous dire que c’est à travers le
vécu d’un autre qu’il nous met face à ce calvaire humain, mais il y a tant de
détails, de senti, d’émotions, de réalisme dans les descriptions qu’on est
presque sûr que c’est là un événement vécu, rendu avec beauté et maîtrise, par
un écrivain, très en forme. Tahar Benjelloun n’y va pas quatre chemins pour
nous dire les affres de cette vie, avec une prostate qui s’en va et tout le
reste avec. Car, qu’on ne s’y trompe pas, sans vie sexuelle, sans plaisir
charnelle, la vie n’est pas grand-chose. Peut-être même un gâchis absolu. Tout
passe dans ce récit a réaliste : Tahar Benjelloun nous parle directement et sans fards de l'incontinence,
des couches, de la disparition des éjaculations, des moments de solitude, loin
des autres, coupé de la vie, car face à ce type de maladies, l’isolement prend
de plus en plus de place dans la vie et la rend infernale. C’est cette force de rendre l’indicible
dicible qui fait de ce texte l’un des plus forts de l’auteur marocain de
l’Académie Goncourt. Bref, Tahar Benjelloun nous met devant les yeux ce que,
par peur, nombreux d’entre nous, les hommes, refusent de voir pensant que cela
n’arrive qu’aux autres.
Editions Gallimard.
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