Radia Lahlou, artiste
multidimensionnelle et architecte de formation, présente sa nouvelle exposition
du 30 janvier au 22 février 2014 à la Galerie CMOOA de Casablanca. Une vision
novatrice d’un art sans frontière.
Si
vous vous attendez à une énième vision féminine des Arts plastiques, entre
installations, interactions sons et images et autres coloris, ce n’est pas à la
galerie CMOOA de Casablanca où Radia Lahlou présente ses travaux qu’il faut
aller passer du temps et s’imprégner du déjà vu. Non, ici, nous sommes face à
un art novateur dont le maître mot est la fin des clichés et l’amorce d’une
approche artistique qui se joue des frontières mentales ou physiques, voire
géographiques pour installer un regard
à la fois acerbe et sans compromis sur le monde. C’est cela en somme, ce
qui est donné à voir chez Hicham Daoudi, président de la
CMOOA, qui explique le travail de son artiste dans des propos mesurés sur
la finalité de ce travail : «Radia Lahlou a
décidé de concrétiser son désir de création en portant un regard artistique sur
un environnement social proche, tout en conservant un intérêt pour des
thématiques et des réflexions qui l’ont marquée».
Sans frontières
Tout y passe dans cette spéléologie artistique qui va au plus
caché, au non-dit, scrutant dans les addictions, fouillant dans les tréfonds
des habitudes pour révéler des pans dissimulés. On retrouve le matériel
des bustes androgynes, mâtinés
d’une panoplie de jeux vidéo et autres trouvailles sophistiquées des multimédias,
des passages sonores rappelant des figures comme Tarzan et James bond. Ceci
pour le désir d’avoir un héros au quotidien. Mais aussi d’autres inscriptions,
des clins d’oeil à des penseurs comme Machiavel ou encore cette phrase qui résonne encore, après avoir quitté
le lieu de l’exhibition : « le plus grand combat est contre
soi-même », qui rappelle le monde de la couture et de la coquetterie ou
encore cet univers de chaînes et de cadenas surmonté d’une phrase en arabe «le
puits est asséché »… Plusieurs langues, plusieurs mondes, plusieurs
visions qui versent toutes dans une seule direction : la convergence vers
une meilleure lecture du monde où nous évoluons aujourd’hui. Comme dans ce
montage superbe, emprunté au monde de la presse, avec plusieurs Unes de femmes
et au milieu la cerise sur le gâteau.
Insoutenable légèreté
Ce
sont donc douze installations déclinées avec force, pour offrir aux aficionados
quelques clefs pour aborder un entourage complexe, sans repères, de plus en
plus flouté et débordant d’innovations. Radia Lahlou met le doigt par le biais
de ses installations et cette féria de personnages et de caractères sur ce qui
ne va pas, sur ce qui n’ira pas, sur ce qui sous-tend une société prisonnière
de quelques apparences où le sens même des valeurs fondamentales humaines est
égaré. En cela, Radia Lahlou fait dans le suggestif, parfois drolatique, sans
prise de tête, le tout drapé d’une liberté de ton qui en fait l’une des
artistes les plus drôles de la scène artistique marocaine, où souvent,
profondeur doit rimer avec lourdeur. Là, c’est un espace léger, mais solide,
aérien, frais et gorgé de bonnes surprises.
Jusqu’au 22 février 2014 à la Galerie CMOOA, 5 rue
Essanaani. Casablanca.
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