Pour
ouvrir la nouvelle année, La Galerie 38 accueille Malika Agueznay, illustre
figure féminine du champ artistique marocain à travers une rétrospective de
grande envergure rassemblant les œuvres de l’artiste de 1968 à nos jours.
L’exposition «Un parcours. Une oeuvre» est inaugurée le jeudi 6 février
2014.
C’est l’histoire d’un mot, d’une esquisse de poème qu’il faudra
poursuivre dans le creux de la toile, au milieu de cette féria de couleurs et
de formes qui célèbrent ici leurs noces. Dans la peinture de Malika Agueznay,
la flore est phrase déchiquetée sur les rives de la toile. Des bribes de
syllabes creusées en filigrane et qu’il faut embrasser du regard en parcourant
les limites incertaines de l’œuvre. Chez Malika Agueznay, le mot tient office
de clé de lecture, de sésame pour pénétrer cet univers imaginaire particulier.
Il est au début et à la fin d’une séquence picturale qui est en fait une
charnière. Le mot absent, le mot à trouver, le mot à inventer, à réinventer.
Chacun peut y mettre l’ampleur de ses émotions, la quintessence de son vécu.
Chacun peut y lire un avenir, un passé, une nostalgie, une promesse. Le peintre
laisse au gré des formes sillonner en une liberté jamais circonscrite l’espace
indéfini de la toile. Un électron libre, le noyau d’un schéma toujours à venir.
Cette tendance au caché emprunte son procédé à l’alchimie et sa symbolique à
l’ésotérisme. A la fois initiation à la lecture de la peinture comme texte et à
une approche de la poésie comme signe, la peinture de Malika Agueznay est une
réelle mise en abîme des genres.
Avant-gardisme
Pour cette exposition événement à
la Galerie 38, chez Fihr Kettani et Simoahmed Chaoui, ce sont des pièces rares
datant des années 60 et 70, des sculptures, des gravures qui ont marqué
l’histoire de la création artistique marocaine ainsi que des œuvres des
différentes périodes de l’artiste. Encore une occasion pour voir de près
cette confrontation autant qu’une concordance de
plusieurs types d’expressions qui conjointement, participent d’un sens toujours
à redéfinir chez Malika Agueznay.
Chezcette artiste aux bases solides, il y a ce mouvement
giratoire qui devient, avec le coloris, une part du travail sur la forme.
Signes et signification sont pris ici dans une acception toute avant-gardiste.
A la fois héritage ancien, attachement à la textualité de la peinture et
creusement de sillons pour ne pas limiter le champ de la toile. De là naissent
plusieurs lectures probables entre ce qui est donné à voir, ce qui se voit et
ce qui reste à découvrir. Surprise naît quand le temps passe et que soudain le
tableau livre une part de son secret. C’est cette vie, après coup, qui fait de
la peinture de Malika Agueznay l’une des plus ingénieuses et les plus proches
du temps. Le temps dans sa spatialité comme mesure de ce qui advient toujours.
Une dimension mystique qui, au-delà des formes et des signes, rapproche cette
peinture de l’art musulman persan et asiatique. Le sens du caché, celui du
non-dit, mais uniquement suggéré, la quête de la révélation, autant de
thématiques picturales qui donnent à ce travail une valeur quasi scientifique.
Sans oublier que pour l’artiste, tout ceci n’est qu’amour, ce message premier
dit, premier venu.
Du 6
février au 7 mars 2014 à la
Galerie 38 de Casablanca.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire