Le grand écrivain d’origine jordanienne, Abdurrahmane
Mounif a laissé derrière lui une œuvre magistrale. Villes de sel est à coup sûr
son chef d’œuvre dont on lit aujourd’hui en français, l’Errance, un texte
solide où défile un monde arabe aux abois.
Nous sommes devant l’une
des œuvres les plus solides dans la littérature universelle. Abdurrahmane
Mounif compte parmi les plus grands auteurs au monde au même titre qu’un Robert
Musil, Franz Kafka, Marcel Proust ou encore James Joyce. C’est aussi le plus
méconnu des auteurs arabes. Sa vision du monde arabe et des gouvernements qui
le dirige lui ont valu de nombreux problèmes. Entre interdictions et
marginalisations, son travail sur cette partie du monde dont il a fait éclater
les frontières lui ont valu une place de choix dans l’histoire de la
littérature mondiale.
Pour Ville de sel dont on
présente ici un tome intitulé « L’errance », c’est un ouvrage lourd
de sens. Ce travail gigantesque conçu comme une trilogie, mais qui a pris des
proportions immenses pour devenir une réelle saga regroupant cinq tomes de près de quatre cents à
six cents pages chacun, retrace l’histoire non seulement d’une famille, d’un
peuple, mais d’une région du monde et au-delà, pour devenir une histoire de
l’humanité dans ce qu’elle de plus complexe et insaisissable. On y lit les
profondes mutations qu’a connu la péninsule Arabique sous l’effet de la
découverte du pétrole, cet or noir, qui s’est avéré avec le temps, une réelle
manne économique, mais aussi une malédiction politique et sociale.
Le cheikh et la tribu
Dans ce premier tome, nous sommes face à un récit qui se déroule dans une oasis
située à l’est de l’Arabie. C’est là que l’on découvre une communauté bédouine qui
vit loin de tout, dans l’austérité. Quand apparaît un petit groupe
d’Américains, munis de leur recommandation de la part de l’émir de la région au
cheikh de la tribu, c’est le début d’une nouvelle vie. Les forages de
prospection pétrolière sont entrepris dans l’oasis. Plus rien ne peut rester
comme avant. Mais un homme, connu pour son courage et sa bravoure, se soulève
et mène la résistance contre les
Américains. Mais face à la
technologie de l’Occident, Mutib est bien obligé de disparaître avec son chameau
dans le désert pour se transformer en figure mythique. C’est là eu la ville de
Harran change de visage et se dote d’un port et d’un pipeline. L’oasis n’existe
plus.
Né en 1933 à Amman, en
Jordanie, d’un père saoudien et d’une mère irakienne, Abdul Rahman Mounif est
l’auteur d’une dizaine de romans qui lui ont valu en 1998 le premier Grand Prix
du roman arabe. Il est mort à Beyrouth en 2004. En France ont paru À l’est de
la Méditerranée (Sindbad,
1985), Une
ville dans la mémoire : Amman (Sindbad / Actes Sud, 1996) et Villes de sel. L'errance(Sindbad / Actes Sud, 2013). Un ou
plusieurs tomes de Villes
de sel ont déjà été traduits en
anglais, en allemand, en espagnol et en italien.
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