Le gouvernement espagnol veut soulager la pression migratoire en
recourant à des refoulements immédiats des clandestins vers le Maroc. Le ministre
espagnol de l’Intérieur en a fait part à son homologue marocain, Mohamed Hassad,
lors de leur rencontre à Paris en février 2014.
Le refoulement immédiat des clandestins
d’Espagne vers le Maroc sera à la table des menus lors de la réunion mixte,
entre le ministre marocain de l’Intérieur, Mohamed Hassad et son homologue espagnol, Jorge Fernando Diaz,
prévue pour le 26 mars 2014 à Tanger. Une rencontre importante qui arrive à un
moment où l’Union Européenne veut faire pression sur Rabat pour signer un
accord de réadmission des immigrés clandestins en Europe. Des discussions ont
eu lieu dans ce sens fin 2013, à Bruxelles, et le Maroc semble réticent pour de
nombreuses raisons. La première et la plus importante est le refus de Rabat de voir des centres d’accueil pour
immigrés pousser dans plusieurs régions pour abriter les refoulés de l’Europe.
Secundo, le Maroc ne veut pas être associé à cette nouvelle philosophie européenne qui veut barricader ses
frontières et créer des zones tampons pour freiner les flux migratoires venus
du Sud.
Gendarme du Sud
Dans ce nouveau climat, déjà tendu, puisque
les assauts des immigrés
subsahariens sur Sebta et Melilla se succèdent apportant à chaque fois leur lot
de victimes et de drames humains, Madrid ne sait plus comment gérer les
questions migratoires. Entre scandales et accusations de meurtres à l’encontre
de la Guardia Civil comme cela a été le cas lors de la mort de 9 migrants qui
ont tenté de rejoindre le préside occupé par la mer, l’Europe se doit d’agir. Mais comment ? Pour l’heure, toutes les
tentatives de stopper les flux humains ont échoué. Le ministre de l’Intérieur
espagnol a déclaré le 6 mars 2014, que le Maroc compte pas moins de 40 000
subsahariens qui n’attendent que l’occasion d’entrer en Europe. Le responsable
espagnol va plus loin en apportant une information de taille attestant de la
présence en Mauritanie, pas loin de la frontière marocaine, de 40 000 autres
subsahariens qui veulent rejoindre le Maroc, avant de franchir le Détroit de
Gibraltar. Pourtant le Maroc a lancé un vaste programme humain pour régulariser
la situation de plusieurs milliers de personnes en octroyant à certains le
droit d’asile et le statut de réfugié. Mais le Maroc, pays de transition est
devenu au fil des ans, un pays de séjour. Tout comme hier, l’Europe l’a été. Et
l’Espagne, qui, aujourd’hui, veut
forcer le Maroc a accepter son programme de réadmission et de refoulement
immédiat, a été un pays de forte immigration notamment en France.
Chaud et froid
Face à
des telles réalités, les autorités espagnoles multiplient les manœuvres
comme la double visite de M. Fernando Diaz à Sebta, le 5 mars dernier et le 6 à
Melilla pour voir de près comment est géré le dossier des immigrés et surtout
de tenter de calmer les ardeurs de milliers de candidats aux passages par les
barbelés des frontières qui ne reculent plus devant rien. Car ses derniers ont
compris que dans ce bras de fer avec les postes frontières et leurs techniques
High-Tech, le poids des masses est un atout majeur, puisque l’on force
aujourd’hui les passages frontaliers à coup de 300 individus et plus, risquant
une mort collective aux yeux du monde.
L’heure est donc aux tactiques politiciennes
et aux jeux des médias en montrant que le dossier est bien pris en main, alors
que les réalités du terrain montre que c’est toujours un fiasco. Le Maroc ne
peut pas faire le sale boulot ni pour l’Espagne ni pour l’union Européenne.
Malgré les pressions, et en dépit des intérêts en jeu, les autorités marocaines
n’ont pas encore paraphé cet accord de réadmission, cheval de bataille des
députés européens, pour régler l’épineux dossier de l’immigration clandestine. Ce
qui, à l’approche de la réunion du 26 mars, pousse le ministre espagnol, à visiter le poste frontière de Tarajal
à Sebta, pour saluer le travail des policiers marocains dans la lutte contre
l’immigration clandestine. Une
façon comme une autre pour faire oublier les propos sur les 40 000 clandestins
qui attendant à l’affût pour prendre d’assaut les villes espagnoles et surtout
les accusation répétées de plusieurs députés du parti populaire à Madrid, qui
disent que le Maroc ne veut pas jouer le jeu et stopper net les immigrés.
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