Malgré des lois strictes qui pénalisent tous ceux qui tuent ou
chassent à des fins lucratives des oiseaux de proie et autres rapaces comme les
aigles, les faucons et les vautours, ces espèces sont sur le point de
disparaître au Maroc.
Le spectacle est surréaliste. Place Jamaa El Fna à Marrakech. Un
vieux bonhomme, assis à même le sol, une jambe tendue, chaussure noire Puma,
chapeau de paille en guise de couvre chef, l’air insouciant, présentant deux
spécimen rares d’oiseaux majestueux, qui n’ont plus de leur superbe que de
vieilles reliques. Un vautour de l’Atlas capturé et offert aux passant pour
quelques centaines de dirhams. Et un petit faucon. Pour les amateurs de taxidermie, le résultat de la course ne
dépasserait pas les 500 dhs. Pour le vieux, c’est une aubaine. Mais le bonhomme
ignore tout sur les lois et les règlementations en cours pour la protection de
ce type d’espèces. La loi numéro 29-05, relative à la protection des espèces de
flore et de faune sauvage et de leur commerce est claire.
Sanctions
sévères
Le dahir du 2 juillet 2011 ne souffre aucune ombre. L’article 63
stipule ce qui suit : « Est puni d’une amende de 30.000 à 100.000
dirhams pour les spécimens des espèces classées dans la catégorie I; d’une
amende de 20.000 à 50.000 dirhams pour les spécimens des espèces classées dans
la catégorie II; d’une amende de 5.000 à 20.000 dirhams pour les spécimens
des espèces classées dans les catégories III et IV, quiconque importe,
exporte, réexporte, fait transiter ou introduit en provenance de la mer tout
spécimen de ces espèces sans avoir le permis ou le certificat correspondant, en
violation des dispositions de la présente loi; détient, transporte, vend,
met en vente, achète, utilise à des fins commerciales un spécimen de ces
espèces sans pouvoir apporter la preuve que ce spécimen a été acquis
conformément aux dispositions de la présente loi et des textes pris pour son
application… ». La question que se posent de nombreux internautes sur les
réseaux sociaux (car un collectif a été créé pour dénoncer ce type de trafic lucratif) est
simple : les autorités ont-elles réagi ? Et le haut commissariat aux
eaux et forêts a-t-il pris les mesures qui s’imposent pour mettre fin au
carnage ? Malin celui qui
saura répondre avec exactitude tant le problème des espèces protégés au Maroc
demeure très secondaire, voire inintéressant. Un internaute a même écrit que
« c’est tant mieux si le bonhomme peut se faire quelques centaines de
dirhams en vendant cet oiseau».
Trop tard
Mais le sort réservé aux rapaces du Maroc
est partout le même. Aigles royaux, aigle empereur, faucon, buses, milan,
vautour gypaètes… font les frais du trafic. En juillet 2013, pas moins de 300
oiseaux ont été destinés à l’Algérie par des trafiquants. La cargaison a été
saisie in extrémis par les services de la gendarmerie royale. Et chaque saison
apporte son lot de carnage. Des autochtones dans les régions montagneuses ont
trouvé le bon filon et s’adonnent à un jeu juteux où il suffit de piéger un
rapace pour en tirer des sommes conséquentes. Certains spécialistes parlent
d’oiseaux pouvant atteindre les 250 000 dhs au marché noir. Pas étonnant que
certains ont font leur travail favori. Et à plein temps. En dehors du vautour dont il ne reste
que quelques représentants, des faucons qui n’ont été sauvés que par la
tradition et un centre d’élevage dans le Souss, quelques faucon pèlerins qui
nichent dans les villes comme Casablanca où les pigeons et autres souris leur
offrent un gibier garanti, le plus
gros des rapaces du Maroc, pays connu jadis par sa richesse en oiseau
majestueux, a disparu. Le plus emblématique demeure aussi le cas du gypaète barbue. Les chercheurs ont
établi qu’entre 1905
à 1980, le gypaète barbu vivait dans toutes les montagnes du Maroc et même à
très faible altitude.
De 1980 à 2000, il a disparu dans le Rif et on ne le
trouvait plus que dans le Haut Atlas et l'Anti-Atlas.
A compter de 2001, le
gypaète barbu n'a été aperçu que dans 4 secteurs : Toubkal, Haute
Tessaout, M'Goun et Haut Ahansal dans le Haut Atlas. Ceci pour une
espèce qui jouit de l’intérêt des ornithologues et pour laquelle un programme a
été mis en place pour la sauver. Que dire alors des autres oiseaux qui non
seulement n’ont plus d’habitat naturel, mais là où ils appariassent, il y a un
fusil pour les abattre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire