Quelle mort ! Et en plein action ! Il y a
plus d’une semaine, un charmeur de serpent de la place Jamaa El Fna, à
Marrakech, a été tué à la suite de la morsure de son cobra. Tout s’est passé
très vite, selon des témoins oculaires, qui ont assisté, médusés, à ce tragique
final d’une carrière de complicité entre un homme et une vipère. Abdelati, la
soixantaine bien tassée n’est pas un bleu. Loin de là. C’est même une figure.
Il a eu des accointances avec les reptiles, a avalé tant de couleuvres dans sa
vie, mais ce coup de grâce était franchement inattendu. Le cobra en question
était presque dompté. Abdelati, lui, pensait qu’il avait domestiqué le serpent,
jouant avec lui, comme on joue avec un animal sans danger. Il se trouve que le
cobra en avait encore sous les crocs et a foncé, tout venin dehors pour achever
son compagnon d’infortune. Il faut dire que les deux compères, et l‘homme et
son animal, ont joué de malchance. L’un captif d’une boite, l’autre prisonnier
de son boulot, vivotant au jour le jour. Ce type est un exemple de courage dans une société où c’est
devenue une denrée rare. Une fois mordu, il a tenté d’extraire le venin avec sa
bouche, appuyant sur la plaie, suçant avec toutes ses forces. Mais c’est un
cobra qui est passé par là. Très vite, Abdelati s’effondre. Transporté d’urgence à
l’hôpital, il meurt.
Mais ce qui restera de cet homme, c’est un
parcours. Une vie dangereuse, juste pour survivre. Et quelle belle mort de
finir sur le champ de bataille ! Car c’en est une belle de fin. Comme un
comédien sur scène, il a tiré sa révérence. Là où tu es Abdelati, on sait qu’entre toi et le cobra, c’est
sans rancune.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire