C’est un document de 110 pages qui vient, encore
une fois, comme une Arlésienne, nous rappeler que l’enfance est le parent
pauvre de la politique marocaine. Et ce à tous les niveaux. Décliné sous le
thème «La situation des enfants dans le monde 2014 en chiffres : chaque enfant
compte, dévoiler les disparités, promouvoir les droits de l'enfant», ce rapport
2014 a été présenté par la
représentante de l'Unicef au Maroc, Regina De Dominicis, en présence du
président du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), Driss EL Yazami
ainsi que plusieurs membres du gouvernement Abdelilah Benkirane. Cette année, la
publication du rapport coïncide avec le 25e anniversaire de la Convention internationale
des droits de l'enfant. Une action internationale, on s’en souvient, qui a
défini quelles étaient les mesures à suivre pour la protection des enfants
contre toutes les formes de violence.
Violences quotidiennes
Le Maroc est passé au crible dans ce rapport, qui a
pointé du doigt différents secteurs où la protection de l’enfance doit être un
fait établi et acquis. De la santé
à l’éducation en passant par le sport, le travail et d’autres domaines où
l’enfant doit être intégré et protégé contre toutes formes de violences. Dans
ce sens, la situation des enfants au Maroc est triste. Travail forcé, abandon scolaire,
agressions, viols, harcèlement, marginalisation, absence de prise en charge
moral et physique en cas de maladie, de handicap ou les deux. Bref, il ne fait
pas bon être enfant au Maroc. Que l’on ne se voile pas la face, les chiffres
sont là pour l’attester : 8% d’enfants travaillent au Maroc.
C’est énorme. Cela se passe de commentaire. Il s’agit d’enfants âgés de 5 à14 ans, c’est dire que la prime enfance
n’est pas épargnée au Maroc. Et que même encore incapable de parler, tu dois
trimer. Au niveau de
l’éducation, l’analphabétisme bat des records au Maroc. Si 89% de jeunes hommes
et 74% de jeunes femmes âgés de 15 à 24 ans sont capables de lire et écrire,
quels réels niveaux d’apprentissages ont-ils, comment lisent –ils et de quelle
manière arrivent-ils à écrire ? d’autres rapports, publiés cette année,
ont démontré que même en allant à l’école les enfants marocains restent très
limités. Quoi qu’il en soit, le Maroc occupe la dernière place au Maghreb. En Tunisie, les gens qui savent lire et
écrire sont 98% et 96%. Et en Algérie, ils sont 94% et 89%.
Côté violence, il faut juste retenir un seul
chiffre : 91% d’enfants âgés de 2 à 14 ans sont toujours victimes de la
violence, entre agression psychologique et châtiments corporels.
Venons-en aux mentalités face à la protection des
enfants. Au-delà des mariages précoces, de la braderie des jeunes filles à peine
pubères, il y a chez les femmes, en mettant de côté ce qu’en pensent les
hommes, des atavismes inoxydables. 4% de femmes âgées de 15 à 49 ans pensent
qu’un mari a le droit de frapper ou de battre son épouse. Des idées enracinées
dans la pensée marocaine où la femme et la jeune fille payent un lourd tribut
aux archaïsmes de tous poils. Voici en gros quelques statistiques qui reflètent
la situation des enfants dans le royaume. Ce qui fait dire à la représentante de l'Unicef au Maroc, Regina De Dominicis que «les
données, à elles seules, ne changent pas le monde. Mais elles rendent les changements
possibles en identifiant les besoins, en appuyant les activités de plaidoyer et
en mesurant les progrès». De
minces progrès puisque le travail qui reste à faire semble titanesque, et ce, à
tous les niveaux.
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