Les
Marocains ont une belle formule pour parler des pages tournées dans la vie et
des nouveaux départs, ou tout juste des pauses dans un parcours pour faire un
bilan de soi. On dit chez Nous : « changer de lieu, changer d’état
d’âme ». C’est tellement vrai que lorsque l’on déménage par exemple, on
entre dans de nouveaux lieux, de nouveaux espaces et du coup, on crée des
ouvertures devant soi. On sort d’une certaine routine, d’un certain regard biaisé
sur soi et son entourage. Bref, quand on bouge et on change d’endroit, la
vision change, le regard se transmue en loupe pour toucher certaines choses qui
nous échappaient jusque-là.
Tout
ce préambule pour dire que j’ai remarqué chez mes compatriotes une fâcheuses
tendances à s’éterniser là où ils se trouvent. Ils ont horreur de changer
l’ordre établi de leurs vies. Un certain confort de la routine qui les plaque
sur place et en fait souvent des automates, des fonctionnaires de la vie, de
simples comparses dans leurs propres existences.
Alors
que le bon sens voudrait que l’on
se fasse violence tout le temps, pour avancer, se lancer parfois dans
l’inconnu, relever de nouveaux défis, ou alors juste chambouler les choses et
les situations de la sa propre vie pour voir autre chose, fréquenter d’autres
mondes, dépasser de nouvelles difficultés, créer de nouveaux horizons devant
soi. Henri Miller disait qu’il y a ceux qui regardent la pluie tomber et ceux
qui se mouillent. Pour ma part, je pense que l’on doit tous, à un moment ou un
autre de sa vie, prendre une bonne douche, même froide, mais ne jamais se
laisser enliser dans des conforts mensongers, trompeurs, qui font de nous, des
ersatz de qui nous sommes. Oui, à force de rester figé à une place, on est presque
anesthésié, paralysé, la vie nous passe dessus, et on ne se rend pas compte que
c’est là le piège fatal à éviter à tout prix. Mieux vaut une route nouvelle
qu’un chemin déjà connu.
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