L’autre matin, je tombe sur un ami avocat qui
me dit que je devrais écrire sur le divorce au Maroc. Il m’explique que les Marocains ont tendance à vite se séparer
ces derniers temps. Je lui demande si le phénomène prend plus d’ampleur ces
dernières années. Il me rétorque que le divorce est devenu même un business
juteux pour les tribunaux et les avocats.
On se marie vite fait et on divorce aussi
rapide. Pourquoi un tel engouement pour les séparations alors ? L’avocat
ne me dit rien de concluant. Mais c’est un boucher qui a éclairé ma lanterne de
pauvre ignorant dans les relations humaines sans lendemains. Je vais voir un
boucher du coin et je lui fais part de ce que mon ami avocat m’a dit. Il part
en vrille, aussi sec qu’une toupie. « Rien ne va plus entre les femmes et
les hommes », qu’il m’assène. « Le mariage est une rigolade aujourd’hui.
On ne se lie pas à une femme ou à un homme pour fonder une famille et avoir des
enfants, mais juste pour avoir un coin où batifoler ». Pour mon voisin
boucher, évidemment quand on a trop batifolé, on sent la routine s’installer et
le mariage finit par devenir une sacrée corvée. On ne sait plus quoi faire de
cette relation. Les problèmes commencent et on finit devant les juges, à s’écharper,
s’étriper comme des ennemis de longue date. Le boucher ajoute que les jeunes d’aujourd’hui
ne sont plus faits pour ce type de contrats sociaux. C’est même démodé le
mariage, si j’en crois le boucher. La vie moderne qui nous rattrape vite est
incompatible avec des projets de famille à long terme. Tout va à une telle
vitesse, qu’il vaut mieux réfléchir à court terme, qu’il me dit, mon pote
boucher. Alors, pour lui, la recrudescence des divorces n’est qu’à ses débuts
et que l’avenir sera plus triste. Quel sombre tableau, mon ami ! « Tu
n’as rien vu, aujourd’hui ce sont les femmes qui refusent de se marier et
demain, plus personne ne fondera de famille ». Sorti de cet échange démoralisant,
j’ai mesuré à quel point l’époque de mon enfance était belle, quand le mot
divorce était banni, un vilain vocable, qui portait la poisse.
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