lundi 21 avril 2014

« Le collier rouge » de Jean-Christophe Rufin

L’académicien Jean Christophe Ruffin vient de publier son dernier roman chez Gallimard. Une histoire de chien, mais pas que cela.





Le roman nous mène loin en arrière. Nous sommes en 1919. Une caserne perdue dans le Berry. Un chien, mal an point, passe la sainte journée à aboyer. Il est aux taquets devant le portail sinistre de la garnison. Le chien attend son maître, retenu prisonnier dans l’enceinte de ce bâtiment. Quitte à geindre, le chien décide de faire un boucan de tous les diables et ameuter tout le monde. C’est une question de fierté, d’honneur, de vie et de mort. Son maître est un héros de la grande guerre. Il mérite tous les honneurs.  Entre le soldat, hier héros, aujourd’hui risquant la potence et son chien, hier heureux, aujourd’hui, hurlant sa rage, le roman de Jean Christophe Ruffin défile avec bonheur. Est-ce là une histoire réelle ?

Grande guerre
Jean Christophe Ruffin affirme que le roman part de deux faits réels. «D’abord d’une réalité méconnue : nombre d’animaux ont été partie prenante dans la guerre de Quatorze, en particulier des chiens, il y avait des centaines de milliers de chiens dans les tranchées. Certains étaient employés par les armées pour des tâches spécifiques de déminage ou d’assaut, mais le plus grand nombre avait suivi les combattants lors de leur mobilisation et ils étaient restés au front, tolérés parce qu’ils rendaient service : ils tuaient les rats, donnaient l’alerte, tenaient compagnie aux soldats.
 Ensuite, il y une histoire de famille racontée par un ami, dont le grand-père, revenu de la guerre décoré de la Légion d’honneur pour des faits brillants, avait fini par considérer que son chien méritait plus que lui cette distinction.»
C’est là que réside la force d’un tel roman. Son obstination à faire de la            guerre le troisième grand personnage de ce roman à la fois humain et tragique. Le collier rouge ne retient plus aucun coup, mais il plane comme une promesse de bonheur retrouvé pour un soldat fier, qui refuse de s’excuser, qui veut juste reprendre une vie plus ou moins normale.  C’est aussi un hommage à ce chien, à tous les chiens, qui connaissent le cœur des hommes.


Editions Gallimard. 








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