C’est
dans la veine du sublime « Twelve Monkeys » (L’armée des douze
singes) avec Brad Pitt, Bruce Willis et Madeleine Stowe. Déjà dans cet opus
très futuriste, adossé à un scénario en béton armé, Terry Gillian, à qui l’on
doit entre autres, le magnifique « Brazil », avec Robert de Niro,
donne une espèce de lecture de ce que sera le monde demain. Pour ce théorème
zéro, c’est donc un prolongement de ce qui a été amorcé de manière géniale dans
l’armée des douze singes. Nous sommes à Londres.
Nous sommes projetés dans un futur très
proche. Et tout cas, un avenir crédible et non pas fantasmagorique. Un
scientifique illuminé travaille sans arrêt, dans une église. Il mangé des
plats, sans goût, sortis droit d’un micro-ondes. Son esprit est captivé par
d’autres nourritures. Il est aussi connecté à des séances de cybersexe. Qohen,
c’est son nom, perd peu à peu ce qui fait son essence. Il s’éloigne de son
épicentre d’humain et de chercheur de grand talent. Un type nommé « le
directeur » lui confie un projet. Il est sommé de résoudre une théorie devant
prouver l'absence de finalité de l'existence. Il rame, trime, s’exténue, sans
relâche. Dans ce labyrinthe, il est de temps à autre sauvé par la visite de
Bainsley, une jeune femme qui veut le séduire. Et aussi les apparitions de Bob,
le fils prodige du Directeur. Entre temps, Qohen est là, attendant un
mystérieux coup de fil qui va lui apporter les réponses à cette question
essentielle sur le sens même de la vie humaine.
Ce
savant fou, incarné par le génial
Christoph Waltz, incarne la démence humaine dans tous ses excès, entre
recherches scientifiques poussées aux limites et absence totale de repère
métaphysiques sur l’existence humaine, ses finalités, ses sources et ses
ramifications. La vie a-t-elle un sens ? C’est selon. Oui et non. Chacun
trouvera sa propre réponse. Mais l’intérêt d’un film aussi inspiré, aussi
actuel et puissant, c’est le regard que porte Terry Gillian sur l’absurdité de
la vie. A la fin, aucune réponse ne peut être apportée. Aucun salut n’est proposé
dans un film qui est une belle leçon de philosophie simple sur tous les
questionnements que nous nous posons sur notre utilité, notre rôle dans ce
monde, d’où on vient et où l’on va. Entre George Orwell et Franz Kafka, ce
récit trop humain est une plongée dans la sombre sphère des incertitudes
humaines. Il n’est pas ici question ni de Dieu ni de bien ni de mal. Il n’est
pas plus question de rédemption, mais juste la volonté d’un cinéaste de génie
de donner un sens à ce qui peut-être n’en a pas. Ou pas encore. C’est en somme,
une invitation à se poser des questions de fond sur qui nous sommes vraiment.
Ce que nous apportons à ce monde et comment il sera grâce ou à cause de nous,
dans un avenir très proche.
Réalisé par Terry Gillian.
Avec Christoph Waltz, Mélanie Thierry et David Thewlis.
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